Hello de Toronto!
MP: Nous sommes donc arrivés à Turkestan en
avant-midi, après avoir fuit la peste de la mer d'Aral. Parce qu'on a
oublié de vous dire, ce coin du Kazakhstan est un des derniers à être
un foyer actif de peste! Le dernier cas était en 2003 mais reste que ça
fait un peu peur! On allait donc passer les prochains jours à observer
une possible éclosion de bubons...! Bref, une fois à Turkestan, on a
commencé par se rendre au centre-ville dans une marshroutka bondée
(comme toujours). On a croisé un Kazakh super gentil (pléonasme?) qui a
arrêté son auto et a bondi vers nous pour nous aider, le sourire fendu
jusqu'aux oreilles! Il voulait nous donner des conseils sur la ville.
On lui a dit à quels hôtels on pensait aller, il nous a déconseillé le
premier et nous a dit que le deuxième était considéré comme l'hôtel 5
étoiles de la ville. Le premier était bien, mais on est quand même
allés voir le deuxième. Plus chic certes, mais ça ne ferait pas
trembler de peur un Hilton disons! Comme ce n'était pas trop plus cher,
on s'est dit qu'on allait se gâter un peu. Après, on est allés dîner,
ce fut très bon est différent de d'habitude!
Turkestan
est la ville-musée du Kazakhstan, une des seules avec des monuments
historiques comme on en retrouve tant en Ouzbékistan. Un grand jardin
de roses nous mène au grand mausolée, qui était malheureusement en
restauration au moment de notre visite. Quand je dis restauration,
c'est en fait plâtrage de tout ce qu'il y a à l'intérieur... C'était un
peu dommage mais on a quand même pu voir un chaudron de 2000 kg offert
par Tamerlan (toujours lui) qui contient de l'eau sacrée. Comme
toujours, des gens priaient devant les tombes que contenait le
mausolée. À l'extérieur, ils avaient conservé en partie les tuiles
d'origine, et c'était très beau! On a marché sur ce qui reste des
fortifications de la ville puis on s'est dirigés vers deux vieilles
mosquées un peu plus loin. Au passage, on a croisé un petit musée qui
était en fait situé dans un ancien banya (sauna) pour les pélerins. Ils
expliquaient chaque pièce et comment ça fonctionnait, c'était très
intéressant. Une des mosquées plus loin valait vraiment le détour: elle
était "semi-underground" donc on rentrait sous terre pour y accéder. Il
y faisait une température très bonne et les grands pilliers de bois qui
soutenaient le toit dégageaient une odeur vraiment agréable! Il y avait
aussi un petit musée, mais tout était en russe donc on n'a pas compris
grand chose...
On
avait décidé de dormir à Turkestan plutôt que de revenir à Chymkent
parce qu'on avait déjà assez vu Chymkent et que les hôtels y sont assez
moyens. Par contre, il n'y a pas grand chose à faire à Turkestan (voir
paragraphe précédent, c'est tout.) La journée/soirée s'annonçait donc
très relax. On est revenus vers l'hôtel en passant dans une allée de
magasins de souvenirs puis on est allés à l'épicerie pour chercher du
jus de fruits (il faut bien varier un peu le gras de mouton!) C'était
malheureusement le temps de faire notre lavage, c'est donc ce qu'on a
fait jusqu'au souper, après avoir réussi à faire comprendre aux femmes
de ménage qu'on voulait une bassine (essayez de mimer une bassine en
russe, ça a été long)!
Durant
la journée, on avait repéré un restaurant avec une jolie cour arrière
et on a décidé d'aller y souper. C'était aussi très bon et on a jasé
longtemps en buvant du thé! Après, direction café internet pour la
soirée. Il y avait deux beaux cafés internet mais ils étaient pleins,
donc on est allés dans un autre, qui avait l'air en moins bon état.
Justement, à 3 reprises les ordinateurs soit boguaient, soit
s'éteignaient tout d'un coup. On a passé un bon moment là pour avancer
le blog. La soirée s'est moins bien terminée, Mémé-la-furie est
apparue... En y repensant, l'affaire est vraiment niaiseuse: le
propriétaire nous a chargé pour x heures + 5 minutes supplémentaires,
alors qu'on avait perdu 10 minutes à cause de ses ordis de merde.
François dit qu'il n'était pas bon prince, mois je disais que c'est
malhonête. Bref, je me suis fâchée et j'ai tenté d'expliquer la chose
au monsieur à coups de calculs et de gesticulations. Finalement, j'ai
abandonné et je suis partie, puis le monsieur a accepté à contre-coeur
de nous faire le bon prix. François a un droit à un regard "mais
qu'est-ce que tu fais avec une folle pareille!!!"... En sortant,
François m'a grondée et on est allés à un autre café internet pour
finir notre publication.
François: Le lendemain, on a traîné un peu au lit (il fallait bien profiter de
notre hotel 5 étoiles!) et on a plus ou moins terminé de sécher notre
lavage. On s'est ensuite souvenus qu'il fallait écrire à Talgat pour
lui donner notre heure de retour à Almaty quelques jours plus tard,
alors on est sortis à la recherche d'un café Internet. Ceux-ci étant
tous fermés, on a diné (on n'avait que très vaguement déjeuné de pain
et de biscuits) dans une place à kebab avant de se lancer vers
l'objectif de la journée: se rendre aux montagnes du parc d'Ak-Suu
Zabagly, au sud de Shymkent. On a d'abord pris une marchtrutka vers la
gare puis on a cherché un minibus pour Shymkent. J'ai tenté de demandé
à une madame "marschtrutka Shymkent?" mais on est tombés sur quelqu'un
de particulièrement slow-mo... À la troisième tentative, elle a fini
par comprendre: elle a répété exactement ce que j'avais dit, avec le
même accent et tout et elle nous a désigné les minibus. Après avoir
fait le tour pour vérifier si tous les bus avaient le même prix (ce qui
était le cas), on est partis pour une longue ride de 3 heures. Le
paysage était joli quoique plat (c'est le Kazakhstan, quand même).
Encore une fois, la route était en bonne partie en construction et,
après plusieurs longs détours, on a finalement abouti à la gare
d'autobus de Shymkent. De là, après s'être fait aider par un chauffeur
de taxi désinteressé et s'être fait demander "where are you from" par
un gars en voiture qui a bloqué tout le trafic afin de satisfaire sa
curiosité, on a pris un autre minibus vers le centre de la ville. Là,
on a trouvé (enfin, c'est plus le chauffeur qui nous a trouvés!) un
minibus pour Lenger, un petit village d'ou on comptait faire les
arrangements pour préparer notre visite dans le parc.
Le trajet s'est déroulé sans histoire (on a mis de l'essence
avec le moteur allumé, on est passés à un passage à niveau alors qu'un
train roulant à bonne vitesse arrivait sur la voie, bref des choses
banales quoi!). Une fois à Lenger, là, les choses se sont corsées. Le
Lonely Planet (qui ne fournissait, encore une fois, aucune carte de
Lenger) disait de faire les arrangements pour le parc avec l'agence
locale d'écoutourisme, située apparemment près d'un café Internet au
centre du village. Ne trouvant pas ledit café, on a essayé de se
renseigner auprès des employés d'un magasin de vente de téléphones
portables. Personne du jeune staff ne parlait anglais, et personne non
plus ne connaissait ni le café internet, ni l'agence d'écoutourisme!
Pour tout dire, notre situation à ce moment-là n'était pas
excellente... Vu l'heure assez tardive (il était 18h: on est partis de
Turkestan, à 175km de Lenger, vers 12h, ça vous donne une idée de la
lenteur transports routiers au Kaz!), on craignait que l'agence
d'écotourisme (à supposer qu'elle existait encore) ne soit fermée et on
envisageait sérieusement de revenir dormir à Shymkent quand l'un des
gars du magasin de cellulaires m'a passé quelqu'un au téléphone. Une
fille m'a alors dit en anglais qu'elle venait nous chercher, mais n'a
pas trop compris quand je lui ai demandé si elle travaillait pour
l'agence d'écotourisme. On a donc attendu la fille en question, qui est
arrivée un bon 15 minutes plus tard avec sa soeur (?) en saluant tout
le staff du magasin. Elle parlait très bien anglais mais on s'est vite
rendus compte qu'en fait, elle ne travaillait pas pour l'agence
d'écotourisme et qu'elle étudiait en traduction! C'était en fait une
des amies d'un des gars du magasin de cellulaires, à qui ce dernier
avait demandé de venir afin de nous aider! Quand elle a compris qu'on
voulait aller à l'agence, on a tous sauté dans un taxi (elle, sa
soeur, Mémé et moi) pour s'arrêter 1km plus loin au milieu de rien. On
a erré un moment, la fille passait des coups de téléphone puis elle
nous a dit qu'elle allait nous conduire à pied vers l'agence qui, ô
miracle, était toujours ouverte! On est ensuite arrivés sur place (au
fond d'un stationnement, loin du centre et loin de la route, disons que
l'endroit était assez dur à trouver!) et, pendant un très long moment,
on a négocié ce qu'on voulait faire dans le parc pour les prochains 2
jours. Ce fut particulièrement fastidieux mais on a fini par convenir
qu'on allait passer la nuit de ce soir et la suivante dans un village
situé tout près du parc. Bien contents et soulagés/étonnés d'avoir non
seulement trouvé l'endroit mais également d'avoir pu tout arranger, on
est alors partis en voiture avec la mère (?) d'une des filles qui
travaillait à l'agence vers Tonkeris, le bled perdu ou on allait passer
les 2 prochaines nuits chez l'habitant.
On a
d'abord fait quelques arrêts au guichet automatique et au magasin, ou
un gars de la place, peut-être un peu chaud, m'a lancé "wow, you're a
multimillionaire!" quand j'ai sorti un billet de 1000 tenge (7$) pour
payer ma bouteille d'eau, déclanchant l'hilarité générale parmi les
clients! On a ensuite filé au soleil couchant vers Tonkeris, une une
route magnifique de campagne traversant vallées, collines, rivières et
petits villages sur fond de chaînes de montagnes enneigées. De temps en
temps, on devait arrêter pour laisser passer les troupeaux de vaches
que les fermiers du coin ramenaient par la route jusqu'à leur enclos
pour la nuit... Après une heure, on est arrivés à Tonkeris. L'endroit
ou on dormait était une jolie ferme une coche au-dessus des homestays
habituels côté propreté... Nos hôtes étaient charmants mais on vivait
séparés d'eux (i.e. on notre propre salle à manger), ce qui enlevait un
peu le côté authentique des homestays (tels que ceux qu'on a fait au
Kyrg). Mais c'était vraiment super! La bouffe, notamment, était
traditionelle (i.e. patates et mouton, plov, laghman, etc.) mais
vraiment excellente! Il y avait même des chocolats comme dessert! Après avoir trop mangé, on s'est préparés à dormir
et on s'est vraiment félicités d'avoir réussi à organiser tout ça à
quelques heures d'intervalle! À date, tout ce qu'on a voulu organiser
dans le voyage a fonctionné, même si les démarches pour ce faire ont
souvent été longues et épuisantes!
Le
jour suivant, après un robuste déjeûner, on est partis vers le canyon
d'Ak-Suu, en compagnie de nos guides: les deux jeunes garçons (genre 14
et 10 ans) de nos hôtes! Le plus jeune était particulièrement espiègle
et a tenté à plusieurs repris de se cacher pour nous faire peur et
d'accrocher des affaires (genre des plumes) à notre sac à dos. On a
marché à travers les collines herbeuses dépourvues d'arbres qui
ceinturent Tonkeris, avant d'atteindre, 1h30 plus tad, la fameuse gorge
en question. Comme toujours, un paysage extraordinaire qu'on a observé
assez longuement en prenant une pause au bord du précipice de 400 m de
profondeur au fond duquel coulait une rivière turquoise... On est
ensuite repartis vers Tonkeris en prenant un long détour qui longeait
un verger d'ou on a pris quelques bonnes pommes (le Kazakhstan est
reconnu pour ses pommes, on vous l'avait dit?). On est finalement
revenus à la maison pour diner, puis, après s'être reposés un peu, on
est partis vers une autre partie du parc. Le plus âgé seulement nous a
accompagné cette fois pour cette randonnée qui grimpait énormément,
après qu'on ait suivi une rivière gazouillante pendant un bout...
Rendus au sommet de la colline, le paysage en valait vraiment la peine
(hautes montagnes enneigées) mais Mémé était un peu tannée parce que 1)
ça montait 2) ça montait longtemps et 3) le soleil tapait vraiment
fort! On est ensuite redescendus par un autre chemin très à pic en
coupant par les champs. Toutefois, le désavantge de ce parc-là, c'est
qu'il est assez sec et donc que toutes les plantes ont des aiguilles ou
des piquants. Comme j'étais stupidement en shorts et qu'on ne pouvait
pas faire un pas sans être égratignés, disons que ça a fait mal!
Après une randonnée de 3h encore, on
est revenus au homestay ou la dame qui runnait la place nous avait
préparé le sauna, question qu'on se lave un peu. On a sué notre vie
puis on a soupé gargantuesquement. Mémé a écouté un peu les Olympiques
avec la famille puis on s'est couchés, assez épuisés.
Pour notre dernière journée à Tonkeris, on a déjeuné avec un
garde-chasse du parc national qui dort quelques jours par semaine chez
la famille. On a eu droit à une très bonne omelette, mais comme
d'habitude dans les homestays, les portions sont gargantuesques! On
était tellement pleins qu'on a relaxé un peu dans la chambre et fait
tranquillement nos sacs. On est allés vers la rivière qui coule
derrière le village pour se tremper les pieds dans l'eau. Les paysages
étaient encore magnifiques et on se sentait vraiment bien dans cette
bourgade kazakhe! On a difficilement mangé le repas du midi, décidément
on n'est plus habitués à manger beaucoup! La madame nous a fait
comprendre que, contrairement à ce que l'agence nous avait dit, il n'y
avait pas de shared taxi pour se rendre à Chymkent, et que le
garde-chasse allait nous amener à un village à côté pour prendre une
marshroutka. Finalement, vers 1h elle nous a dit: "ok, taxi" et on est
partis avec quelques gens du village, s'arrêtant en chemin un bon
moment pour aller cueillir des pommes chez des voisins! On est arrivés
sans problème à Chymkent, ou on est allés au bazar s'acheter notre
traditionnelle soupe en sachet pour le train. Comme vous savez,
Chymkent n'est pas une ville qu'on souhaite visiter jusqu'à plus soif,
alors on a décidé de passer un bon moment à l'ordi pour rattraper notre
retard sur le blog. Au café Internet, au milieu des gamers, il y avait
un gars étrange qui écoutait des films pornos sur son ordi devant tout
le monde!...C'était vraiment weird: pourquoi est-ce que quelqu'un
aurait envie de faire ça dans un café Internet bondé??? En tout cas...
Notre train vers Almaty partait vers 18h00 donc, après un moment, on
s'est tranquillement dirigés vers la gare.
Voilà pour notre dernière entrée avant notre retour à la maison!
J'ai dû rater l'examen de la vue tantôt. Revoici mon comm:
RépondreSupprimerToronto est déjà un peu "la maison", non? Ste-Thérèse un peu plus, et finalement, c'est à Québec que vous poserez vos sacs et direz "Qu'on est bien chez soi!" Bienvenue chez vous, voyageurs! Et merci pour ce journal dépaysant, qui augmentait notre confort à chaque lecture de vos efforts.
K
9 août 2012 19:10
Wow quelles aventures! J'ai tout lu depuis le début de ce si beau voyage (quelque fois sur les heures de job :P ). Tu as de la chance de vivre des aventures si dépaysantes! Si tu as la chance, passe au CRP la semaine prochaine, je finis vendredi le 17! catherine
RépondreSupprimerQuelle belle aventure vous nous avez fait vivre par vos récits !Vous êtes de vrais globetroteurs et de merveilleux raconteurs. Merci pour nous avoir fait participer à cette expédition. Bienvenue chez vous et au plaisir de vous voir et de vous entendre.
RépondreSupprimerLorraine et Jean Léveillé