jeudi 9 août 2012

Turkestan et Tonkeris / Aksu-Zhabagly

Hello de Toronto!

MP: Nous sommes donc arrivés à Turkestan en avant-midi, après avoir fuit la peste de la mer d'Aral. Parce qu'on a oublié de vous dire, ce coin du Kazakhstan est un des derniers à être un foyer actif de peste! Le dernier cas était en 2003 mais reste que ça fait un peu peur! On allait donc passer les prochains jours à observer une possible éclosion de bubons...! Bref, une fois à Turkestan, on a commencé par se rendre au centre-ville dans une marshroutka bondée (comme toujours). On a croisé un Kazakh super gentil (pléonasme?) qui a arrêté son auto et a bondi vers nous pour nous aider, le sourire fendu jusqu'aux oreilles! Il voulait nous donner des conseils sur la ville. On lui a dit à quels hôtels on pensait aller, il nous a déconseillé le premier et nous a dit que le deuxième était considéré comme l'hôtel 5 étoiles de la ville. Le premier était bien, mais on est quand même allés voir le deuxième. Plus chic certes, mais ça ne ferait pas trembler de peur un Hilton disons! Comme ce n'était pas trop plus cher, on s'est dit qu'on allait se gâter un peu. Après, on est allés dîner, ce fut très bon est différent de d'habitude!

Turkestan est la ville-musée du Kazakhstan, une des seules avec des monuments historiques comme on en retrouve tant en Ouzbékistan. Un grand jardin de roses nous mène au grand mausolée, qui était malheureusement en restauration au moment de notre visite. Quand je dis restauration, c'est en fait plâtrage de tout ce qu'il y a à l'intérieur... C'était un peu dommage mais on a quand même pu voir un chaudron de 2000 kg offert par Tamerlan (toujours lui) qui contient de l'eau sacrée. Comme toujours, des gens priaient devant les tombes que contenait le mausolée. À l'extérieur, ils avaient conservé en partie les tuiles d'origine, et c'était très beau! On a marché sur ce qui reste des fortifications de la ville puis on s'est dirigés vers deux vieilles mosquées un peu plus loin. Au passage, on a croisé un petit musée qui était en fait situé dans un ancien banya (sauna) pour les pélerins. Ils expliquaient chaque pièce et comment ça fonctionnait, c'était très intéressant. Une des mosquées plus loin valait vraiment le détour: elle était "semi-underground" donc on rentrait sous terre pour y accéder. Il y faisait une température très bonne et les grands pilliers de bois qui soutenaient le toit dégageaient une odeur vraiment agréable! Il y avait aussi un petit musée, mais tout était en russe donc on n'a pas compris grand chose...

On avait décidé de dormir à Turkestan plutôt que de revenir à Chymkent parce qu'on avait déjà assez vu Chymkent et que les hôtels y sont assez moyens. Par contre, il n'y a pas grand chose à faire à Turkestan (voir paragraphe précédent, c'est tout.) La journée/soirée s'annonçait donc très relax. On est revenus vers l'hôtel en passant dans une allée de magasins de souvenirs puis on est allés à l'épicerie pour chercher du jus de fruits (il faut bien varier un peu le gras de mouton!) C'était malheureusement le temps de faire notre lavage, c'est donc ce qu'on a fait jusqu'au souper, après avoir réussi à faire comprendre aux femmes de ménage qu'on voulait une bassine (essayez de mimer une bassine en russe, ça a été long)!

Durant la journée, on avait repéré un restaurant avec une jolie cour arrière et on a décidé d'aller y souper. C'était aussi très bon et on a jasé longtemps en buvant du thé! Après, direction café internet pour la soirée. Il y avait deux beaux cafés internet mais ils étaient pleins, donc on est allés dans un autre, qui avait l'air en moins bon état. Justement, à 3 reprises les ordinateurs soit boguaient, soit s'éteignaient tout d'un coup. On a passé un bon moment là pour avancer le blog. La soirée s'est moins bien terminée, Mémé-la-furie est apparue... En y repensant, l'affaire est vraiment niaiseuse: le propriétaire nous a chargé pour x heures + 5 minutes supplémentaires, alors qu'on avait perdu 10 minutes à cause de ses ordis de merde. François dit qu'il n'était pas bon prince, mois je disais que c'est malhonête. Bref, je me suis fâchée et j'ai tenté d'expliquer la chose au monsieur à coups de calculs et de gesticulations. Finalement, j'ai abandonné et je suis partie, puis le monsieur a accepté à contre-coeur de nous faire le bon prix. François a un droit à un regard "mais qu'est-ce que tu fais avec une folle pareille!!!"... En sortant, François m'a grondée et on est allés à un autre café internet pour finir notre publication.

François: Le lendemain, on a traîné un peu au lit (il fallait bien profiter de notre hotel 5 étoiles!) et on a plus ou moins terminé de sécher notre lavage. On s'est ensuite souvenus qu'il fallait écrire à Talgat pour lui donner notre heure de retour à Almaty quelques jours plus tard, alors on est sortis à la recherche d'un café Internet. Ceux-ci étant tous fermés, on a diné (on n'avait que très vaguement déjeuné de pain et de biscuits) dans une place à kebab avant de se lancer vers l'objectif de la journée: se rendre aux montagnes du parc d'Ak-Suu Zabagly, au sud de Shymkent. On a d'abord pris une marchtrutka vers la gare puis on a cherché un minibus pour Shymkent. J'ai tenté de demandé à une madame "marschtrutka Shymkent?" mais on est tombés sur quelqu'un de particulièrement slow-mo... À la troisième tentative, elle a fini par comprendre: elle a répété exactement ce que j'avais dit, avec le même accent et tout et elle nous a désigné les minibus. Après avoir fait le tour pour vérifier si tous les bus avaient le même prix (ce qui était le cas), on est partis pour une longue ride de 3 heures. Le paysage était joli quoique plat (c'est le Kazakhstan, quand même). Encore une fois, la route était en bonne partie en construction et, après plusieurs longs détours, on a finalement abouti à la gare d'autobus de Shymkent. De là, après s'être fait aider par un chauffeur de taxi désinteressé et s'être fait demander "where are you from" par un gars en voiture qui a bloqué tout le trafic afin de satisfaire sa curiosité, on a pris un autre minibus vers le centre de la ville. Là, on a trouvé (enfin, c'est plus le chauffeur qui nous a trouvés!) un minibus pour Lenger, un petit village d'ou on comptait faire les arrangements pour préparer notre visite dans le parc.

Le trajet s'est déroulé sans histoire (on a mis de l'essence avec le moteur allumé, on est passés à un passage à niveau alors qu'un train roulant à bonne vitesse arrivait sur la voie, bref des choses banales quoi!). Une fois à Lenger, là, les choses se sont corsées. Le Lonely Planet (qui ne fournissait, encore une fois, aucune carte de Lenger) disait de faire les arrangements pour le parc avec l'agence locale d'écoutourisme, située apparemment près d'un café Internet au centre du village. Ne trouvant pas ledit café, on a essayé de se renseigner auprès des employés d'un magasin de vente de téléphones portables. Personne du jeune staff ne parlait anglais, et personne non plus ne connaissait ni le café internet, ni  l'agence d'écoutourisme! Pour tout dire, notre situation à ce moment-là n'était pas excellente... Vu l'heure assez tardive (il était 18h: on est partis de Turkestan, à 175km de Lenger, vers 12h, ça vous donne une idée de la lenteur transports routiers au Kaz!), on craignait que l'agence d'écotourisme (à supposer qu'elle existait encore) ne soit fermée et on envisageait sérieusement de revenir dormir à Shymkent quand l'un des gars du magasin de cellulaires m'a passé quelqu'un au téléphone. Une fille m'a alors dit en anglais qu'elle venait nous chercher, mais n'a pas trop compris quand je lui ai demandé si elle travaillait pour l'agence d'écotourisme. On a donc attendu la fille en question, qui est arrivée un bon 15 minutes plus tard avec sa soeur (?) en saluant tout le staff du magasin. Elle parlait très bien anglais mais on s'est vite rendus compte qu'en fait, elle ne travaillait pas pour l'agence d'écotourisme et qu'elle étudiait en traduction! C'était en fait une des amies d'un des gars du magasin de cellulaires, à qui ce dernier avait demandé de venir afin de nous aider! Quand elle a compris qu'on voulait aller à l'agence, on a tous sauté dans un taxi  (elle, sa soeur, Mémé et moi) pour s'arrêter 1km plus loin au milieu de rien. On a erré un moment, la fille passait des coups de téléphone puis elle nous a dit qu'elle allait nous conduire à pied vers l'agence qui, ô miracle, était toujours ouverte! On est ensuite arrivés sur place (au fond d'un stationnement, loin du centre et loin de la route, disons que l'endroit était assez dur à trouver!) et, pendant un très long moment, on a négocié ce qu'on voulait faire dans le parc pour les prochains 2 jours. Ce fut particulièrement fastidieux mais on a fini par convenir qu'on allait passer la nuit de ce soir et la suivante dans un village situé tout près du parc. Bien contents et soulagés/étonnés d'avoir non seulement trouvé l'endroit mais également d'avoir pu tout arranger, on est alors partis en voiture avec la mère (?) d'une des filles qui travaillait à l'agence vers Tonkeris, le bled perdu ou on allait passer les 2 prochaines nuits chez l'habitant.

On a d'abord fait quelques arrêts au guichet automatique et au magasin, ou un gars de la place, peut-être un peu chaud, m'a lancé "wow, you're a multimillionaire!" quand j'ai sorti un billet de 1000 tenge (7$) pour payer ma bouteille d'eau, déclanchant l'hilarité générale parmi les clients! On a ensuite filé au soleil couchant vers Tonkeris, une une route magnifique de campagne traversant vallées, collines, rivières et petits villages sur fond de chaînes de montagnes enneigées. De temps en temps, on devait arrêter pour laisser passer les troupeaux de vaches que les fermiers du coin ramenaient par la route jusqu'à leur enclos pour la nuit... Après une heure, on est arrivés à Tonkeris. L'endroit ou on dormait était une jolie ferme une coche au-dessus des homestays habituels côté propreté... Nos hôtes étaient charmants mais on vivait séparés d'eux (i.e. on notre propre salle à manger), ce qui enlevait un peu le côté  authentique des homestays (tels que ceux qu'on a fait au Kyrg). Mais c'était vraiment super! La bouffe, notamment, était traditionelle (i.e. patates et mouton, plov, laghman, etc.) mais vraiment excellente! Il y avait même des chocolats comme dessert! Après avoir trop mangé, on s'est préparés à dormir et on s'est vraiment félicités d'avoir réussi à organiser tout ça à quelques heures d'intervalle! À date, tout ce qu'on a voulu organiser dans le voyage a fonctionné, même si les démarches pour ce faire ont souvent été longues et épuisantes!

Le jour suivant, après un robuste déjeûner, on est partis vers le canyon d'Ak-Suu, en compagnie de nos guides: les deux jeunes garçons (genre 14 et 10 ans) de nos hôtes! Le plus jeune était particulièrement espiègle et a tenté à plusieurs repris de se cacher pour nous faire peur et d'accrocher des affaires (genre des plumes) à notre sac à dos. On a marché à travers les collines herbeuses dépourvues d'arbres qui ceinturent Tonkeris, avant d'atteindre, 1h30 plus tad, la fameuse gorge en question. Comme toujours, un paysage extraordinaire qu'on a observé assez longuement en prenant une pause au bord du précipice de 400 m de profondeur au fond duquel coulait une rivière turquoise... On est ensuite repartis vers Tonkeris en prenant un long détour qui longeait un verger d'ou on a pris quelques bonnes pommes (le Kazakhstan est reconnu pour ses pommes, on vous l'avait dit?). On est finalement revenus à la maison pour diner, puis, après s'être reposés un peu, on est partis vers une autre partie du parc. Le plus âgé seulement nous a accompagné cette fois pour cette randonnée qui grimpait énormément, après qu'on ait suivi une rivière gazouillante pendant un bout... Rendus au sommet de la colline, le paysage en valait vraiment la peine (hautes montagnes enneigées) mais Mémé était un peu tannée parce que 1) ça montait 2) ça montait longtemps et 3) le soleil tapait vraiment fort! On est ensuite redescendus par un autre chemin très à pic en coupant par les champs. Toutefois, le désavantge de ce parc-là, c'est qu'il est assez sec et donc que toutes les plantes ont des aiguilles ou des piquants. Comme j'étais stupidement en shorts et qu'on ne pouvait pas faire un pas sans être égratignés, disons que ça a fait mal!

Après une randonnée de 3h encore, on est revenus au homestay ou la dame qui runnait la place nous avait préparé le sauna, question qu'on se lave un peu. On a sué notre vie puis on a soupé gargantuesquement. Mémé a écouté un peu les Olympiques avec la famille puis on s'est couchés, assez épuisés.

Pour notre dernière journée à Tonkeris, on a déjeuné avec un garde-chasse du parc national qui dort quelques jours par semaine chez la famille. On a eu droit à une très bonne omelette, mais comme d'habitude dans les homestays, les portions sont gargantuesques! On était tellement pleins qu'on a relaxé un peu dans la chambre et fait tranquillement nos sacs. On est allés vers la rivière qui coule derrière le village pour se tremper les pieds dans l'eau. Les paysages étaient encore magnifiques et on se sentait vraiment bien dans cette bourgade kazakhe! On a difficilement mangé le repas du midi, décidément on n'est plus habitués à manger beaucoup! La madame nous a fait comprendre que, contrairement à ce que l'agence nous avait dit, il n'y avait pas de shared taxi pour se rendre à Chymkent, et que le garde-chasse allait nous amener à un village à côté pour prendre une marshroutka. Finalement, vers 1h elle nous a dit: "ok, taxi" et on est partis avec quelques gens du village, s'arrêtant en chemin un bon moment pour aller cueillir des pommes chez des voisins! On est arrivés sans problème à Chymkent, ou on est allés au bazar s'acheter notre traditionnelle soupe en sachet pour le train. Comme vous savez, Chymkent n'est pas une ville qu'on souhaite visiter jusqu'à plus soif, alors on a décidé de passer un bon moment à l'ordi pour rattraper notre retard sur le blog. Au café Internet, au milieu des gamers, il y avait un gars étrange qui écoutait des films pornos sur son ordi devant tout le monde!...C'était vraiment weird: pourquoi est-ce que quelqu'un aurait envie de faire ça dans un café Internet bondé??? En tout cas... Notre train vers Almaty partait vers 18h00 donc, après un moment, on s'est tranquillement dirigés vers la gare.

Voilà pour notre dernière entrée avant notre retour à la maison!

3 commentaires:

  1. J'ai dû rater l'examen de la vue tantôt. Revoici mon comm:
    Toronto est déjà un peu "la maison", non? Ste-Thérèse un peu plus, et finalement, c'est à Québec que vous poserez vos sacs et direz "Qu'on est bien chez soi!" Bienvenue chez vous, voyageurs! Et merci pour ce journal dépaysant, qui augmentait notre confort à chaque lecture de vos efforts.
    K

    9 août 2012 19:10

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  2. Wow quelles aventures! J'ai tout lu depuis le début de ce si beau voyage (quelque fois sur les heures de job :P ). Tu as de la chance de vivre des aventures si dépaysantes! Si tu as la chance, passe au CRP la semaine prochaine, je finis vendredi le 17! catherine

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  3. Quelle belle aventure vous nous avez fait vivre par vos récits !Vous êtes de vrais globetroteurs et de merveilleux raconteurs. Merci pour nous avoir fait participer à cette expédition. Bienvenue chez vous et au plaisir de vous voir et de vous entendre.
    Lorraine et Jean Léveillé

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