Zdrastvuyte de Turkestan!
MComme vous savez, on se dirigeait vers le sanctuaire d'Hoja-Ismael, un lieu saint d'Ouzbékistan. C'était super beau, mais complètement neuf, on aurait pu croire que ça datait d'il y a deux ans... Le président a aussi fait demander de rénover en enlevant la peinture rouge originale, pour ne pas que ça devienne un lieu de rencontre communiste! Il y avait un gros tombeau en marbre devant lequel des imams et des ouzbeks priaient. Comme on est des touristes civilisés, on a respecté l'écriteau qui demandait de ne pas sacrifier d'animaux ici! (François: le gars qui vendant les billets à l'entrée a tenu à savoir si Mémé était ma blonde... Quand je lui ai dit que oui, il a fait une face de "bon choix!" en levant son pouce en l'air! J'ai trouvé ça assez drôle!) On est revenus à Samarcande et on avait convenu avec le chauffeur d'aller à la banque (la seule de la ville qui accepte les cartes étrangères!) Quand on est arrivés, il était trop tard pour retirer de l'argent (?) et de toute façon, il ne restait plus d'argent dans le guichet... On a donc essayé d'aller à une autre banque, dont le guichet était aussi fermé! On est donc revenus à nos hôtels respectifs, puis le chauffeur nous a fait comprendre qu'il voulait qu'on lui donne plus d'argent que ce qui était convenu. Hilala... On est allés chercher le gars de leur hôtel pour qu'il traduise et on a compris que le chauffeur voulait qu'on paie plus parce qu'on avait fait deux banques plutôt qu'une et qu'on était 4 dans la voiture plutôt que deux... Bref, on a fini par lui donner 2$ pour la banque, mais pas question de payer plus, le prix est par auto, pas par personne! La situation était quand même délicate puisque c'était le mari de la tante de la mère du gars de l'hôtel, donc il n'osait pas lui dire que ça n'avait pas d'allure, mais ne voulait pas nous dire de payer plus!
Avec nos maigres 17 000 soums dans nos poches (6$), on est partis souper dans un resto pas loin, dans lequel on a fini par revoir les Hollandais! Un professeur du Caire en art islamique est venu nous rejoindre. Il était super intéressant, on a parlé du printemps arabe et de la situation actuelle en Égypte. On a passé le reste de la soiréee à l'ordi de l'hôtel pour satisfaire nos lecteurs! On a aussi rencontré notre premier Canadien du voyage (et le dernier à date...), un canado-pakistanais qui avait voyagé aussi en Iran et dans les zones tribales du Pakistan!
On a oublié de vous conter la première nuit à l'hôtel! Notre chambre avait l'air climatisé et on payait plus cher pour ça. En se couchant, on a remarqué qu'il marchait une fois sur deux, qu'en fait il ne faisait que souffler de l'air de dehors! Le pire c'est qu'à intervalle plus ou moins régulier, il faisait un bruit terrible, comme un moteur qui s'emballe mais vraiment fort! On n'allais jamais réussir à dormir avec ça! (Notez aussi que notre magnifique chambre était dotée de conduites de gaz naturel qui fuyaient, d'ou l'odeur permanente de souffre...) François est descendu voir un employé pour dire que ça n'avait pas d'allure pour l'air climatisé, qu'on ne paierait pas pour ça! Le gars est monté dans la chambre et, selon la loi de Murphy, l'air clim s'est mis à souffler de l'air froid et à être silencieux... On a quand même négocié pour baisser le prix de la chambre si ça recommençait. Le propriétaire était tellement désolé qu'il nous a fait un prix ridiculement bas, n'arrêtant pas de s'excuser. À la fin on se sentait tellement mal même, mais on s'est dit qu'on allait passer la nuit et voir le lendemain. Finalement, mis-à-part quelques bruits de moteur, l'air climatisé a bien marchée! On s'est excusés au propriétaire et on lui a dit qu'on paierait le prix initial, ce dont il était bien content!
La deuxième nuit a été correcte aussi. On s'est levés tard le lendemain, donc est s'est dépêchés pour se rendre à la banque avant qu'elle ne ferme. On est entrés, un policier nous a demandé nos passeports et nous a dit qu'on ne pouvait pas utiliser le guichet automatique, qu'il fallait aller voir une madame à l'intérieur. On est allés à un premier comptoir, pour se faire dire d'aller à un autre, puis à un autre, puis à un autre... La dernière madame nous a dit d'attendre et est partie on ne sait ou... À son retour, on lui a dit qu'on préférait le guichet automatique mais elle nous a dit qu'il fallait le faire avec elle (et donc payer 3% de frais) Pour minimiser les coûts, on a décidé de sortir juste 100%, ce qui était finalement un peu juste puisqu'on devait se rendre à Tashkent avec ça... La banque était assez spéciale: il y a plein de madames employées qui ne font rien, parlent entre elles ou au cellulaire, lisent des magazines... Notre madame est revenue, a scanné ma carte, a rempli des formulaires avec du papier carbone, m'a fait signer 1000 trucs puis m'a remis un papier en nous pointant le fond de la banque. On s'est rendus dans une autre pièce ou il y avait des gens derrière une vitre. Ils ont finit par ouvrir la vitre et prendre mon papier et me remettre 100$ US... Sérieusement, on se croyait dans la maison des fous des 12 travaux d'Astérix! C'est le système bancaire le plus bureaucratique!
Cette paperasserie administrative ouzbèque complétée, on est partis à la recherche de l'autre plaie d'Ouzbékistan: la nourriture! On a cherché un endroit ou manger quelque chose de potable et d'un peu différent de d'habitude... Apres 30 minutes de recherches, on s'est rabattus sur des espèces de shish kebab dans un pain hot-dog avec beaucoup de ketchup, c'était pas si pire... Après on s'est premenés dans la section russe de Samarcande, qui était assez petite en fait! On s'est promenés dans un parc puis on a lentement rejoint le centre principal d'attraction de Samarcande: le Registan. C'est un complexe de 3 grandes medressas érigées par Tamerlan. On allait entrer quand on s'est fait arrêter par ce qui semblait être le responsable des billets, qui nous a dit qu'il fallait payer 23 000 soums par personne. On a trouvé que c'était un peu cher donc on est juste restés à côté à discuter et il est venu nous voir en disant "ok ok discount, 20 000 for two". On a accepté et on est rentrés, on a visité les trois medressas, qui étaient magnifiques, il y en avait une ornée de deux gros lions en céramique contrevenant grossièrement à la règle d'absence du vivant. Plus loing, on a vu 3 Ouzbeks traverser une clôture pour entrer sans payer. Un peu après on les a croisé et je leur ai dit "Aracho!" ("bien" en russe) en les pointant pour les féliciter du stratagème, mais ils ont pensé que je les trouvais beaux alors ils ont juste rougi et dit merci. Ça a créé un espèce de malaise et j'étais assez gênée de les revoir après... On est revenus lentement à l'hôtel, s'arrêtant pour prendre une crème glacée, qui était vraiment bonne parce que pas trop molle contrairement à l'habitude.
Avant d'aller souper, on est allés changer notre argent US en soums, et on a réussi à comprendre comment le marché noir marchait! En fait, le matin François était allé avec le gars de l'hôtel dans un genre de petite épicerie ou ils vendaient beaucoup de pains, pour lesquels les gens payaient en soms. Donc les marchands finissaient par se ramasser avec tout un tas de soms, et comme ils préféraient les avoir en dollars, ils les échangent à d'autres gens qui veulent des soms. Après, on s'est dirigés vers un café internet après avoir avoir en vain cherché un taxi pour aller souper dans la partie russe (ils demandaient 2x le prix ouzbek). On a décidé d'aller écrire le blog dans un vrai café internet plein de gamers, avant d'aller manger une super bonne pizza dans un café à côté. On est revenus à l'hôtel en suivant une gang de gars bruyants et visiblement saouls, et plus tristement, en se faisant longuement aborder par un enfant qui mendiait dans la rue. Justement, on s'est rendus compte qu'on n'avait pas vu de mendiants, ce qui est quand même assez étonnant, donc on s'est dit qu'ils devaient être chassés...
Le lendemain, on est partis visiter la vieille ville. On a d'abord longé une rue piétonnière qui était autrefois l'axe principal de la vieille-ville, mais qui est aujourd'hui complètement déshumanisée par ses commerces neufs. En fait, la vieille-ville se cache derriere, cachée par de grands murs! On a commencé par visiter ce qui fut un jour la plus grande mosquée du monde islamique. Son dome à l'entrée était immense! On y a rencontré des Belges qu'on avait rencontrés à Tashkent. Ils nous ont raconté leur périple à la mer d'Aral du côté ouzbek. Justement, on était en train de songer à aller y faire un tour du côté kazakh vu qu'il nous restait du temps. Ils nous ont vraiment donné le goût d'y aller, même si c'est un spectacle assez désolant... Après la mosquée, on est allés voir la tombe souterraine de la mère de Tamerlan située en face. Dans tous ces mausolées, on y voit des gens qui prient, ce qui crée une ambiance de recueillement un peu partout. Après, on a traversé un boulevard stalinien pour atteindre une suberbe mosquée en bois, située sur une colline. En face, il y avait un cimetière, et comme vous savez j'aime les cimetières pour une raison obscure. Il était à flanc de montagne, dans un espèce de désert. Les cimetières musulmans sont agréables à visiter parce que les pierres tombales ont une photo du défunt, on peut voir de quoi les gens avaient l'air. Les petites allées en terre sont graduellement devenues des véritables avenues droites et dallées, avec des occupants qui avaient l'air de plus en plus riche. Finalement, on est arrivés dans la nécropole de Samarcande, le Shah-I-Zinda, rempli de mausolées et de tombeaux richement décorés. Un des cousins du prophète Mahomet y serait enterré, ce qui en fait un lieu prisé de pélerinage. La céramique était vraiment magnifique. Après avoir bien visité, on a croisé un Britannique qu'on avait croisé à Bishkek et on a parlé un bout avec lui.
Tout proche, il y avait un grand bazar, supposément connu pour ses places à plov. Places à plov super dures à trouver. On a fini par les dénicher en demandant à environ cinq personnes. Le propriétaire de la place, un fumant personnage, nous a fait comprendre de manière très imagée qu'on avait bien fait de venir chez lui et non chez son voisin, car sinon on aurait eu la chiasse... Il a aussi nous faire comprendre qu'il n'était pas marié et j'ai eu droit à baise-main! Après avoir salué le comique personnage, on a marché vers la tombe de Daniel de l'ancien testament. C'était assez loin et le prix était un peu indécent. D'autant plus que comme vous savez on a mal calculé notre retrait d'argent et il nous restait un nombre assez ridicule de soms... On a donc juste profité du paysage, à côté d'une rivière. De l'autre côté, des camions détruisaient ce qui avait déjà été des vieilles maisons, ce n'était sûrement pas assez chic pour le Président... On est allés vers le dernier monument, l'astrolab d'Ulugbek (petit-fils astronome de Tamerlan). On s'est fait prendre en photo avec des Ouzbeks (ça faisait longtemps que c'était arrivé ça!) On y a aussi rencontré 3 madames françaises qui elles aussi avaient conclu que le prix était trop élevé. On est revenus en bus vers le bazar, on a fait quelques achats en prévision de notre voyage en train vers Tashkent (la traditionnelle soupe en sachet!). On a marché dans les rues "honteuses" de la vieille-ville, visitant au passage deux jolies mosquées en bois, c'était bien agréable! On y a re-rencontré les Belges du matin, s'étonnant ensemble d'à quel point les petites rues sont encombrées et que malgré tout les voitures s'obstinent à vouloir passer entre les tas de terre et les caniveaux.
Après une autre crème glacée, on a repris nos sacs à l'hôtel et on est partis en autobus vers la gare de train. Contrôles habituels des gares de train, avec des policiers qui avaient plus envie de passer leur temps à discuter avec des touristes qu'à vraiment les contrôler. On a attendu le train avec des millions d'Indiens qui allaient eux aussi à Tashkent, puis avec un Français qu'on avait déjà rencontré. Comme souvent, il y a eu des problèmes avec les billets. Nos places étaient déjà occupées alors le contrôleur nous a amené dans une autre cabine. Là, il y avait trois sièges et une dame et sa fille étaient déjà là. La fille était debout, mais on trouvait que ça n'avait pas de sens qu'elle passe le voyage debout et qu'on lui prenne sa place! On a donc essayé de faire comprendre ça au contrôleur, qui a fini par nous mettre dans une autre cabine. Bref, c'était bien compliqué. Malheureusement, un problème n'attend pas l'autre: le volume extrêmement fort des téléromans ouzbeks projetés dans les télés des cabines. Profitant de l'absence de nos compagnons, on a réussi à baisser le volume, à partir de là le voyage a été beaucoup plus agréable. On a parlé un peu à nos compagnons de cabine, dont un vieux monsieur qui nous a donné un gros sac de tomates(?)!!
La suite, Tashkent, plus tard!
À bientôt!
Merci pour ce compte-rendu: c'est comme si on y était... sans se taper la bureaucratie et la bouffe.
RépondreSupprimerJ'ai hâte de voir vos photos du Registan. En 1899, le vice-roi des Indes, lord Curzon, en disait: "The Registan of Samarkand was originally, and is still in its ruin, the noblest public square in the world. I know of nothing in the East approaching it in massive simploicity and grandeur and nothing in Europe...wich can aspire to enter the competition". Êtes-vous d'accord, les voyageurs?
Madeleine
Mes inconforts s'évanouissent quand je lis les vôtres. Si j'osais, je vous demanderais de parler des toilettes (indispensables compagnes du thé) plus souvent. Avez-vous hâte de revenir ou vous dites-vous "encore un peu"?
RépondreSupprimerK
MP, je radote, je viens de lire ta réponse. Que répond François?
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