mercredi 15 août 2012

Almaty et retour au Québec


Bonjour! Ici Mémé!

À bord du train, au départ de Shymkent, nos compagnes de cabines étaient une grand-maman kazakhe assez mignonne et une jeune diplômée en comptabilité d'une grande université kazakhe qui parlait un anglais impeccable. On a parlé un bout avec elle, et elle nous disait que c'était très difficile de trouver un emploi ici car à cause de toute la corruption, les bons postes sont vite occupés! Arrêtés en gare, il faisait atrocement chaud dans la cabine donc on est sortis prendre l'air dans le couloir, ce qui nous a permis de rencontrer deux Kazakhs super gentils à qui on a parlé pendant un bon moment! Ils parlaient un excellent anglais donc c'était très facile de communiquer. On leur a dit à la blague que le seul problème de dormir dans les trains c'est qu'on n'allait pas prendre de douche jusqu'à notre retour au Canada. Un peu plus tard, ils sont venus nous voir pour nous inviter solennellement à aller chez eux le lendemain, pour prendre une douche et dormir un peu chez eux plutôt que de le faire à l'aéroport! On a refusé poliment parce que c'était peut-être trop complexe, mais on en revient toujours pas de leur grande hospitalité! Les Québécois sont super gentils, mais on inviterait rarement quelqu'un à dormir chez nous après 15 minutes de conversation!

Nous sommes arrivés en matinée à Almaty et on a marché un bout avec nos amis de la veille, ceux qui voulaient nous inviter chez eux. On a refusé leur invitation parce qu'on ne voulait pas les réveiller à deux heures du matin! On s'est ensuite rendus à un centre commercial plus loin dans l'espoir d'y trouver un café internet pas trop cher. En effet, je ne sais pas si on vous l'a déjà dit, mais la vie est vraiment chère à Almaty. Un peu moins que chez nous quand même, mais reste que c'est cher pour l'asie centrale! Quelques jours plus tôt, on avait écrit à Talgat et Assel pour leur dire qu'on serait de retour à Almaty et savoir s'ils voulaient souper avec nous. On a toutefois su peu avant d'arriver à Almaty que Talgat a trouvé un emploi à Astana et qu'ils sont déjà déménagés! On était vraiment déçus parce qu'on se disait que ça aurait bien fini le voyage... Un peu après, on a pensé qu'on pourrait au moins voir les autres futurs immigrants kazakhs qu'on avait rencontrés chez Talgat le soir du pâté chinois! Alors qu'on se dirigeait vers le café internet pour leur écrire, on est tombé par pur hasard sur l'un deux!! Après s'être entendus pour se voir le soir même, on est allés déjeuner tous les deux dans un petit café qui avait l'air assez prisé par les expatriés. On y a mangé nos premières et dernières pâtisseries du voyage, et en plus ils avaient des jeux de société! On a commencé un partie d'échec sur la terrasse, que j'ai malheureusement perdue... Pendant qu'on mangeait, on a assisté à une scène assez étrange: deux filles se sont mis à se battre dans la rue, arrêtées par des hommes qui ont finalement reçus eux aussi des claques. On a rien compris de ce qui se passait, mais ça avait l'air de ne pas être la joie! Après notre partie, on a réussi à trouver un café internet tout neuf et pas cher, et après quelques échanges de courriel avec nos amis Kazakhs, on s'est donnés rendez-vous dans un restaurant chinois d'Almaty.

Après quelques temps de blog, on a mangé dans une cafétéria à côté, c'était très bon. En fait la bouffe la plus variée qu'on ait trouvée du voyage était à Almaty! On a fait des emplettes-souvenirs à l'épicerie du coin, se faisant aider par des employés encore présents en trop grand nombre comme toujours. On a voulu retourner au café internet, mais à partir d'une heure X, les prix doublaient! Étant cheap, je ne voulais pas qu'on paie ce prix-là trop longtemps alors on a décidé de retourner à notre café du matin pour re-jouer aux échecs. Vous aurez compris qu'on n'avait pas planifié grand chose pour notre dernière journée à Almaty... En fait, on a passé tellement de temps dans cette ville au début du voyage qu'on a l'impression de bien la connaître, et on feelait plus pour une dernière journée relax! On a donc mangé un gâteau aux carottes en jouant quelques parties d'échec, au son mélodieux des travaux sur l'immeuble d'à côté. À quelques heures de notre souper, on est retournés un peu au café internet puis on s'est rendus vers le restaurant.

Finalement, on était trop dernière minute et seulement deux couples ont pu se déplacer. On a eu quand même bien du plaisir, la bouffe était bonne et on était contents de revoir des gens qu'on connaissait! On a surtout parlé de notre voyage, de leur travail et du Québec. On leur a donné des groupes de musiques, des films, des téléséries, etc pour qu'ils se préparent bien à l'accent! Ils sont tous très motivés en tout cas!

François: À la fin du souper, un des couples a voulu nous reconduire à l'aéroport, toujours aussi généreux de leur temps! On est arrivés à l'aéroport vers 22h00, et là commençait le début du calvaire: une nuit à l'aéroport en attendant notre vol à 6h30 le lendemain... On a commencé par faire le ménage de nos sacs. On était tout contents qu'il ne nous reste que 200 tenge (un peu plus qu'un dollar) étant donné qu'on n'aurait pas besoin de changer de l'argent! Tout allait bien jusqu'à ce que Mémé trouve dans ses papiers... un billet de 10 000 tenge (70$), le plus gros billet kazakh! On a ri pendant un bout alors que Mémé était dépitée! On a donc fait le tour des guichets de change de l'aéroport pour voir s'il n'y en aurait pas un qui aurait un taux plus avantageux (naturellement, non...) En chemin, on s'est fait gosser par des chauffeurs de taxi, à qui on a dit qu'on était prêts à partir avec eux s'ils allaient au Canada! Après avoir changé notre gros billet, on a acheté une palette de chocolat avec nos derniers tenge (après s'être fait proposer une boite de Pringles à 9$!) puis on s'est préparés à dormir en attendant que l'on puisse commencer l'enregistrement. En effet, on ne pouvait pas entrer avant 4h du matin dans la zone des enregistrements! On a donc dormi à tour de rôle sur des bancs en étant périodiquement dérangés par un Kazakh qui travaillait à l'aéroport et qui était super content de nous jaser! Finalement, on a été s'enregistrer puis on a attendu dans la zone internationale. On s'est faits du gruau puis on a cherché à donner notre sucre en morceaux à quelqu'un parce qu'on ne voulait pas le ramener. On l'a donc donné à un jeune Tadjik en chaise roulante qui nous avait demandé (en anglais) de prendre une photo d'un vieux monsieur endormi qui semblait être quelqu'un qu'il connaissait. Les deux vieux hommes qui accompagnaient le Tadjik se sont finalement révélés être ses "sponsors", i.e. ils travaillaient pour une association chrétienne qui venait en aide aux handicapés au Tadjikistan. Ils étaient hollandais et allaient passer quelque temps en Asie centrale après avoir invité le Tadjik à passer du temps avec eux aux Pays-Bas. On ne savait pas trop quoi penser: c'était certainement très louable qu'ils aident une personne handicapée à s'en sortir dans un pays où le sort réservé aux handicapés est clairement peu enviable, mais c'était du prosélytisme... En effet, les Hollandais étaient tout fiers de nous dire qu'avant, leur protégé était musulman et que maintenant, "il aimait beaucoup Jésus"... En tout cas...

Notre avion est arrivé puis on a quitté le Kazakhstan, un peu tristes de laisser l'Asie centrale derrière nous... On s'est endormis dans l'avion jusqu'à ce que l'agent de bord nous réveille en nous brassant pour le déjeûner. Comme j'étais complètement perdu et déboussolé, j'ai pris mon déjeûner mais j'ai aussi stupidement commandé du vin (inclus avec les repas) en pensant qu'on dînait! L'agent de bord nous a trouvé bien sympas à partir de ce moment-là! On est ensuite arrivés à Moscou. En débarquant, on redoutait les difficultés bureaucratiques et, dans une certaine mesure, on a été servis! En effet, après quelques couloirs, tous les passagers en transit arrivaient dans une petite salle où on s'entassait sans trop savoir pourquoi ni quoi faire. Au bout d'un moment un madame est arrivée et s'est installée à un petit bureau sans rien dire, puis tout le monde s'est mis à lui tendre passeports et billets d'avion.... On savait pas trop quoi faire alors dans le doute on a joué des coudes et finalement la madame nous a dit qu'on devait aller à contre-courant de tout le monde et aller prendre un autobus dehors... Sérieusement, c'est pas possible qu'un aéroport d'une ville européenne aussi grosse soit aussi mal pensé! Une fois sortis du bus, on s'est retrouvés... face au comptoir maudit des "transit check-in" où on avait attendu si longtemps à l'aller! Cette fois, on s'est dit qu'on allait pas niaiser et qu'on allait tout de suite aller faire le "check in" pendant qu'il n'y avait personne en file. Au comptoir, la madame du check-in nous a alors regardé comme si on était de parfaits crétins en nous disant qu'on pouvait tout de suite passer la sécurité et qu'on avait pas besoin de faire le check-in! Pourquoi il fallait faire ça à l'aller alors??? Où est la logique??? Ahlalalala!

On a erré ensuite dans le terminal pendant 3h, constatant que les prix sont affreusement élevés à Moscou, même pour un aéroport (12$ pour un morceau de gâteau???). On a pas été trop tentés de faire des achats! En attendant notre vol, j'ai fait plus ample connaissance avec un Kyrgyz à qui j'avais vaguement parlé à l'aéroport d'Almaty. Il prenait le même vol que nous vers Toronto avec sa famille sauf que pour eux ça revêtait une importance toute particulière.... En effet,  c'était le grand voyage vers une nouvelle vie pour eux: ils immigraient aujourd'hui, après 4 longues années de procédures! Je pense qu'on a vraiment réalisé dans ce voyage-ci à quel point ça peut être éprouvant à tous points de vue de vouloir immigrer... On a souhaité bonne chance pour la suite au Kyrgyz puis on est montés dans l'avion. Le voyage a été sans histoires: on a dormi, bien mangé (on aime la bouffe d'avion!), joué au bonhomme pendu mais, au grand déplaisir de Mémé, nos télés ne fonctionnaient pas! 

À Toronto, on a un peu surpris la douanière en disant qu'on revenait du Kazakhstan! On n'a heureusement malgré tout pas eu droit à une fouille de nos sacs! On a donc rapidement récupéré notre stock puis on a pris l'autobus et le métro vers le centre-ville. En chemin, j'ai commencé à vraiment mal aller (nausées, crampes, pis toute pis toute là là) et on s'est arrêtés un long moment dans un parc pour que j'aille mieux pendant que Mémé mangeait le Subway dont on rêvait dans nos moments difficiles (côté bouffe) en Asie centrale! Au bout d'un moment ça s'est placé (la fatigue sûrement: ça devait faire 36 heures qu'on n'avait pas vraiment dormi!). On est ensuite allés faire un tour à la grande bibliothèque de Toronto où on a pu écrire le blog, lire et dormir un peu. En début de soirée, on s'est dirigés vers le quartier chinois à la recherche d'un resto, en passant par le magnifique campus de l'Université de Toronto puis devant le parlement ontarien. Un Torontois nous a levé son verre alors qu'on passait avec nos gros backpacks devant une terrasse: on l'a pris comme une reconnaissance d'avoir survécu aux Stans!! On a finalement mangé dans un très bon resto de dim sum du quartier chinois. Élément cocasse: le menu précisait que les raviolis, originaires de Chine, étaient au fil du temps devenus la nourriture emblématique de la route de la soie! Pas de doute que les mantys qu'on mangeait dans les Stans en étaient de bons exemples! Après ce gros repas, on s'est lentement dirigés vers la gare d'autobus glauque de Toronto, où j'ai dormi en attendant patiemment l'autobus qui nous ramènerait à Montréal... Dans la file d'attente avant d'embarquer, on a parlé à un Français qui apprenait l'anglais à Toronto et qui allait visiter son frère à Montréal. Il allait se plaindre d'être déjà fatigué puisqu'il revenait d'une soirée avec des amis, mais quand on lui a dit que notre retour jusqu'à chez nous durait 45 heures, il s'est finalement estimé chanceux! 

Après avoir roulé sans problèmes jusqu'à Montréal, le bus nous a laissé au métro Bonaventure plutôt qu'à Berri-UQÀM sans qu'on comprenne vraiment pourquoi, mais on avait l'habitude de ce genre de chose dans des circonstances moins optimales disons, alors on en a fait peu de cas! On a pris le métro jusqu'à Montmorency où nous attendaient nos deux mamans; notre voyage a ainsi judicieusement pris fin dans la magnifique ville de Laval!

Voilà, c'est la fin de notre voyage aux Stans! Merci de nous avoir suivi et partagé nos états d'âmes et nos mésaventures... On se revoit lors d'un futur voyage! D'ici là, au plaisir de vous revoir tous bientôt!

François et Marie-Pascale

jeudi 9 août 2012

Turkestan et Tonkeris / Aksu-Zhabagly

Hello de Toronto!

MP: Nous sommes donc arrivés à Turkestan en avant-midi, après avoir fuit la peste de la mer d'Aral. Parce qu'on a oublié de vous dire, ce coin du Kazakhstan est un des derniers à être un foyer actif de peste! Le dernier cas était en 2003 mais reste que ça fait un peu peur! On allait donc passer les prochains jours à observer une possible éclosion de bubons...! Bref, une fois à Turkestan, on a commencé par se rendre au centre-ville dans une marshroutka bondée (comme toujours). On a croisé un Kazakh super gentil (pléonasme?) qui a arrêté son auto et a bondi vers nous pour nous aider, le sourire fendu jusqu'aux oreilles! Il voulait nous donner des conseils sur la ville. On lui a dit à quels hôtels on pensait aller, il nous a déconseillé le premier et nous a dit que le deuxième était considéré comme l'hôtel 5 étoiles de la ville. Le premier était bien, mais on est quand même allés voir le deuxième. Plus chic certes, mais ça ne ferait pas trembler de peur un Hilton disons! Comme ce n'était pas trop plus cher, on s'est dit qu'on allait se gâter un peu. Après, on est allés dîner, ce fut très bon est différent de d'habitude!

Turkestan est la ville-musée du Kazakhstan, une des seules avec des monuments historiques comme on en retrouve tant en Ouzbékistan. Un grand jardin de roses nous mène au grand mausolée, qui était malheureusement en restauration au moment de notre visite. Quand je dis restauration, c'est en fait plâtrage de tout ce qu'il y a à l'intérieur... C'était un peu dommage mais on a quand même pu voir un chaudron de 2000 kg offert par Tamerlan (toujours lui) qui contient de l'eau sacrée. Comme toujours, des gens priaient devant les tombes que contenait le mausolée. À l'extérieur, ils avaient conservé en partie les tuiles d'origine, et c'était très beau! On a marché sur ce qui reste des fortifications de la ville puis on s'est dirigés vers deux vieilles mosquées un peu plus loin. Au passage, on a croisé un petit musée qui était en fait situé dans un ancien banya (sauna) pour les pélerins. Ils expliquaient chaque pièce et comment ça fonctionnait, c'était très intéressant. Une des mosquées plus loin valait vraiment le détour: elle était "semi-underground" donc on rentrait sous terre pour y accéder. Il y faisait une température très bonne et les grands pilliers de bois qui soutenaient le toit dégageaient une odeur vraiment agréable! Il y avait aussi un petit musée, mais tout était en russe donc on n'a pas compris grand chose...

On avait décidé de dormir à Turkestan plutôt que de revenir à Chymkent parce qu'on avait déjà assez vu Chymkent et que les hôtels y sont assez moyens. Par contre, il n'y a pas grand chose à faire à Turkestan (voir paragraphe précédent, c'est tout.) La journée/soirée s'annonçait donc très relax. On est revenus vers l'hôtel en passant dans une allée de magasins de souvenirs puis on est allés à l'épicerie pour chercher du jus de fruits (il faut bien varier un peu le gras de mouton!) C'était malheureusement le temps de faire notre lavage, c'est donc ce qu'on a fait jusqu'au souper, après avoir réussi à faire comprendre aux femmes de ménage qu'on voulait une bassine (essayez de mimer une bassine en russe, ça a été long)!

Durant la journée, on avait repéré un restaurant avec une jolie cour arrière et on a décidé d'aller y souper. C'était aussi très bon et on a jasé longtemps en buvant du thé! Après, direction café internet pour la soirée. Il y avait deux beaux cafés internet mais ils étaient pleins, donc on est allés dans un autre, qui avait l'air en moins bon état. Justement, à 3 reprises les ordinateurs soit boguaient, soit s'éteignaient tout d'un coup. On a passé un bon moment là pour avancer le blog. La soirée s'est moins bien terminée, Mémé-la-furie est apparue... En y repensant, l'affaire est vraiment niaiseuse: le propriétaire nous a chargé pour x heures + 5 minutes supplémentaires, alors qu'on avait perdu 10 minutes à cause de ses ordis de merde. François dit qu'il n'était pas bon prince, mois je disais que c'est malhonête. Bref, je me suis fâchée et j'ai tenté d'expliquer la chose au monsieur à coups de calculs et de gesticulations. Finalement, j'ai abandonné et je suis partie, puis le monsieur a accepté à contre-coeur de nous faire le bon prix. François a un droit à un regard "mais qu'est-ce que tu fais avec une folle pareille!!!"... En sortant, François m'a grondée et on est allés à un autre café internet pour finir notre publication.

François: Le lendemain, on a traîné un peu au lit (il fallait bien profiter de notre hotel 5 étoiles!) et on a plus ou moins terminé de sécher notre lavage. On s'est ensuite souvenus qu'il fallait écrire à Talgat pour lui donner notre heure de retour à Almaty quelques jours plus tard, alors on est sortis à la recherche d'un café Internet. Ceux-ci étant tous fermés, on a diné (on n'avait que très vaguement déjeuné de pain et de biscuits) dans une place à kebab avant de se lancer vers l'objectif de la journée: se rendre aux montagnes du parc d'Ak-Suu Zabagly, au sud de Shymkent. On a d'abord pris une marchtrutka vers la gare puis on a cherché un minibus pour Shymkent. J'ai tenté de demandé à une madame "marschtrutka Shymkent?" mais on est tombés sur quelqu'un de particulièrement slow-mo... À la troisième tentative, elle a fini par comprendre: elle a répété exactement ce que j'avais dit, avec le même accent et tout et elle nous a désigné les minibus. Après avoir fait le tour pour vérifier si tous les bus avaient le même prix (ce qui était le cas), on est partis pour une longue ride de 3 heures. Le paysage était joli quoique plat (c'est le Kazakhstan, quand même). Encore une fois, la route était en bonne partie en construction et, après plusieurs longs détours, on a finalement abouti à la gare d'autobus de Shymkent. De là, après s'être fait aider par un chauffeur de taxi désinteressé et s'être fait demander "where are you from" par un gars en voiture qui a bloqué tout le trafic afin de satisfaire sa curiosité, on a pris un autre minibus vers le centre de la ville. Là, on a trouvé (enfin, c'est plus le chauffeur qui nous a trouvés!) un minibus pour Lenger, un petit village d'ou on comptait faire les arrangements pour préparer notre visite dans le parc.

Le trajet s'est déroulé sans histoire (on a mis de l'essence avec le moteur allumé, on est passés à un passage à niveau alors qu'un train roulant à bonne vitesse arrivait sur la voie, bref des choses banales quoi!). Une fois à Lenger, là, les choses se sont corsées. Le Lonely Planet (qui ne fournissait, encore une fois, aucune carte de Lenger) disait de faire les arrangements pour le parc avec l'agence locale d'écoutourisme, située apparemment près d'un café Internet au centre du village. Ne trouvant pas ledit café, on a essayé de se renseigner auprès des employés d'un magasin de vente de téléphones portables. Personne du jeune staff ne parlait anglais, et personne non plus ne connaissait ni le café internet, ni  l'agence d'écoutourisme! Pour tout dire, notre situation à ce moment-là n'était pas excellente... Vu l'heure assez tardive (il était 18h: on est partis de Turkestan, à 175km de Lenger, vers 12h, ça vous donne une idée de la lenteur transports routiers au Kaz!), on craignait que l'agence d'écotourisme (à supposer qu'elle existait encore) ne soit fermée et on envisageait sérieusement de revenir dormir à Shymkent quand l'un des gars du magasin de cellulaires m'a passé quelqu'un au téléphone. Une fille m'a alors dit en anglais qu'elle venait nous chercher, mais n'a pas trop compris quand je lui ai demandé si elle travaillait pour l'agence d'écotourisme. On a donc attendu la fille en question, qui est arrivée un bon 15 minutes plus tard avec sa soeur (?) en saluant tout le staff du magasin. Elle parlait très bien anglais mais on s'est vite rendus compte qu'en fait, elle ne travaillait pas pour l'agence d'écotourisme et qu'elle étudiait en traduction! C'était en fait une des amies d'un des gars du magasin de cellulaires, à qui ce dernier avait demandé de venir afin de nous aider! Quand elle a compris qu'on voulait aller à l'agence, on a tous sauté dans un taxi  (elle, sa soeur, Mémé et moi) pour s'arrêter 1km plus loin au milieu de rien. On a erré un moment, la fille passait des coups de téléphone puis elle nous a dit qu'elle allait nous conduire à pied vers l'agence qui, ô miracle, était toujours ouverte! On est ensuite arrivés sur place (au fond d'un stationnement, loin du centre et loin de la route, disons que l'endroit était assez dur à trouver!) et, pendant un très long moment, on a négocié ce qu'on voulait faire dans le parc pour les prochains 2 jours. Ce fut particulièrement fastidieux mais on a fini par convenir qu'on allait passer la nuit de ce soir et la suivante dans un village situé tout près du parc. Bien contents et soulagés/étonnés d'avoir non seulement trouvé l'endroit mais également d'avoir pu tout arranger, on est alors partis en voiture avec la mère (?) d'une des filles qui travaillait à l'agence vers Tonkeris, le bled perdu ou on allait passer les 2 prochaines nuits chez l'habitant.

On a d'abord fait quelques arrêts au guichet automatique et au magasin, ou un gars de la place, peut-être un peu chaud, m'a lancé "wow, you're a multimillionaire!" quand j'ai sorti un billet de 1000 tenge (7$) pour payer ma bouteille d'eau, déclanchant l'hilarité générale parmi les clients! On a ensuite filé au soleil couchant vers Tonkeris, une une route magnifique de campagne traversant vallées, collines, rivières et petits villages sur fond de chaînes de montagnes enneigées. De temps en temps, on devait arrêter pour laisser passer les troupeaux de vaches que les fermiers du coin ramenaient par la route jusqu'à leur enclos pour la nuit... Après une heure, on est arrivés à Tonkeris. L'endroit ou on dormait était une jolie ferme une coche au-dessus des homestays habituels côté propreté... Nos hôtes étaient charmants mais on vivait séparés d'eux (i.e. on notre propre salle à manger), ce qui enlevait un peu le côté  authentique des homestays (tels que ceux qu'on a fait au Kyrg). Mais c'était vraiment super! La bouffe, notamment, était traditionelle (i.e. patates et mouton, plov, laghman, etc.) mais vraiment excellente! Il y avait même des chocolats comme dessert! Après avoir trop mangé, on s'est préparés à dormir et on s'est vraiment félicités d'avoir réussi à organiser tout ça à quelques heures d'intervalle! À date, tout ce qu'on a voulu organiser dans le voyage a fonctionné, même si les démarches pour ce faire ont souvent été longues et épuisantes!

Le jour suivant, après un robuste déjeûner, on est partis vers le canyon d'Ak-Suu, en compagnie de nos guides: les deux jeunes garçons (genre 14 et 10 ans) de nos hôtes! Le plus jeune était particulièrement espiègle et a tenté à plusieurs repris de se cacher pour nous faire peur et d'accrocher des affaires (genre des plumes) à notre sac à dos. On a marché à travers les collines herbeuses dépourvues d'arbres qui ceinturent Tonkeris, avant d'atteindre, 1h30 plus tad, la fameuse gorge en question. Comme toujours, un paysage extraordinaire qu'on a observé assez longuement en prenant une pause au bord du précipice de 400 m de profondeur au fond duquel coulait une rivière turquoise... On est ensuite repartis vers Tonkeris en prenant un long détour qui longeait un verger d'ou on a pris quelques bonnes pommes (le Kazakhstan est reconnu pour ses pommes, on vous l'avait dit?). On est finalement revenus à la maison pour diner, puis, après s'être reposés un peu, on est partis vers une autre partie du parc. Le plus âgé seulement nous a accompagné cette fois pour cette randonnée qui grimpait énormément, après qu'on ait suivi une rivière gazouillante pendant un bout... Rendus au sommet de la colline, le paysage en valait vraiment la peine (hautes montagnes enneigées) mais Mémé était un peu tannée parce que 1) ça montait 2) ça montait longtemps et 3) le soleil tapait vraiment fort! On est ensuite redescendus par un autre chemin très à pic en coupant par les champs. Toutefois, le désavantge de ce parc-là, c'est qu'il est assez sec et donc que toutes les plantes ont des aiguilles ou des piquants. Comme j'étais stupidement en shorts et qu'on ne pouvait pas faire un pas sans être égratignés, disons que ça a fait mal!

Après une randonnée de 3h encore, on est revenus au homestay ou la dame qui runnait la place nous avait préparé le sauna, question qu'on se lave un peu. On a sué notre vie puis on a soupé gargantuesquement. Mémé a écouté un peu les Olympiques avec la famille puis on s'est couchés, assez épuisés.

Pour notre dernière journée à Tonkeris, on a déjeuné avec un garde-chasse du parc national qui dort quelques jours par semaine chez la famille. On a eu droit à une très bonne omelette, mais comme d'habitude dans les homestays, les portions sont gargantuesques! On était tellement pleins qu'on a relaxé un peu dans la chambre et fait tranquillement nos sacs. On est allés vers la rivière qui coule derrière le village pour se tremper les pieds dans l'eau. Les paysages étaient encore magnifiques et on se sentait vraiment bien dans cette bourgade kazakhe! On a difficilement mangé le repas du midi, décidément on n'est plus habitués à manger beaucoup! La madame nous a fait comprendre que, contrairement à ce que l'agence nous avait dit, il n'y avait pas de shared taxi pour se rendre à Chymkent, et que le garde-chasse allait nous amener à un village à côté pour prendre une marshroutka. Finalement, vers 1h elle nous a dit: "ok, taxi" et on est partis avec quelques gens du village, s'arrêtant en chemin un bon moment pour aller cueillir des pommes chez des voisins! On est arrivés sans problème à Chymkent, ou on est allés au bazar s'acheter notre traditionnelle soupe en sachet pour le train. Comme vous savez, Chymkent n'est pas une ville qu'on souhaite visiter jusqu'à plus soif, alors on a décidé de passer un bon moment à l'ordi pour rattraper notre retard sur le blog. Au café Internet, au milieu des gamers, il y avait un gars étrange qui écoutait des films pornos sur son ordi devant tout le monde!...C'était vraiment weird: pourquoi est-ce que quelqu'un aurait envie de faire ça dans un café Internet bondé??? En tout cas... Notre train vers Almaty partait vers 18h00 donc, après un moment, on s'est tranquillement dirigés vers la gare.

Voilà pour notre dernière entrée avant notre retour à la maison!

mardi 7 août 2012

Shymkent, Sayram et Aralsk

Saaalut!!!

François: On s'était laissés après notre agréable passage des douanes Ouz-Kaz! Après notre belle ride de minibus, on a débarqué au milieu de nulle part, en périphérie de la ville. Suite à une légère errance, on a fini par demander notre chemin puis on a pris un bus vers le centre et on a finalement trouvé notre hotel. En fait, notre hôtel était situé au sein d'un centre commercial un peu défraîchi (du genre la Plaza Ste-Thérèse). Au comptoir, il n'y avait personne... Finalement, un madame est arrivée puis nous a fait visite une chambre à l'étage. Comme la chambre était correcte malgré le fait que l'hôtel était désert, on l'a prise puis on est allés manger dans un petit resto situé en face dudit centre commercial. Comme on n'avait rien mangé depuis notre maigre déjeûner à Tashkent, disons que le laghman faisait du bien! Ensuite, on est allés à proximité écrire le blog dans un café Internet, puis on est revenus à l'hôtel dormir. Là, petit malaise: il n'y avait toujours personne à la réception de l'hôtel malgré les portes grandes ouvertes du centre d'achat sur la rue, et les couloirs menant aux chambres (innoccupées) à l'étage étaient très faiblement éclairés... Si on ajoute ça au profond silence ambiant (déchiré à l'occasion par des bruits sourds de dilatation dans le plafond), l'ensemble faisait assez glauque et pour la sécurité, on repassera... J'étais pas trop à l'aise mettons! On a fini par s'endormir, seulement pour être réveillés à 4h du matin par le vacarme des pigeons qui utilisaient le toit en tôle comme un chilling spot en vogue... On est ensuite allés déjeûner au restaurant (désert, ou presque) adjacent à l'hôtel ou était inclus notre déjeûner... De façon assez surprenante, c'était correct...! Après une bonne douche (froide), on est partis pour une nouvelle belle journée de paperasse: il nous fallait acheter 3 billets de train et nous enregistrer. Ah oui, on a oublié de vous dire ça: au Kazakhstan aussi il faut s'enregistrer (i.e. avoir une belle étampe sur notre déclaration de douane). Il faut normalement le faire une fois seulement et après ça va. Ça se fait automatiquement quand tu arrives au pays par avion, mais pour une raison bizarre, si tu arrives par la route, ben ils étampent pas ton papier et tu dois le faire toi-même en dedans de 5 jours sans quoi c'est 100$ d'amende... Cette aberration bureaucratique exige que tu fasses un tour à l'OVIR le plus proche, le bureau d'enregistrement des étrangers. Ça promettait côté paperasse!

Donc on est d'abord partis en bus vers la gare. Le gars qui collectait l'argent dans le bus (je sais pas si on vous l'a dit mais, dans les autobus publics, il y a le chauffeur et le gars/madame-qui-collecte-l'argent-et-gueule-les-destinations-du-bus-aux-passants-par-la-fenêtre) nous trouvait trop sympa et, peut-être pour nous faire plaisir (?), a demandé au chauffeur du bus de pousser au maximum le volume de la musique techno qui rugissait dans l'autobus, transformant le vieux bus pourri en partybus! On a aussi jasé un peu avec une jeune Kazakhe toute contente de nous parler en anglais et à qui on a laissé notre adresse courriel.... Honnêtement ce genre de scène a dû se produire une bonne dizaine de fois pendant notre séjour en Asie centrale: on ne compte plus le nombre de fois ou on a donné nos adresses courriel! On est finalement arrivés à la gare à moitié sourds et on s'est dirigés vers le guichet, ou une madame archi sympathique a bien voulu nous aider avec nos billets. À un certain moment par contre, on a réalisé qu'on ne pourrait pas aller à l'OVIR aujourd'hui parce que c'était dimanche et donc qu'on ne pourrait pas prendre de train le lendemain parce qu'ils faudrait s'enregistrer. S'enregistrer, oui, mais ou? Le Lonely Planet ne disait meme pas si on pouvait le faire à Shymkent! Un peu perdus, on a quitté la file et on s'est mis en tête d'aller voir sur Internet le site web de l'enregistrement donné par notre guide. Naturellement, la loi de Murphy jouant, il n'y avait aucun café internet près de la gare, malgré un tour de reconnaissance de ma part qui m'a tout de même permis de découvrir une magnifique fresque de Lénine peinte sur le côté d'un immeuble. On est donc revenus en ville en prenant le bus le plus lent du monde, pour découvrir au café internet qu'effectivement on pouvait s'enregistrer à Shymkent, mais sans savoir ou exactement. Par contre, on a appris que certains hotels pas trop chers pouvaient le faire pour nous, alors on a repris l'autobus vers un autre hotel situé tout près d'un immense monument avec fontaines et drapeau géants. Pour à peine plus cher, l'endroit était décidément mieux que la veille, à l'exception du staff hyper bête. On nous a rapporté qu'en Russie, le personnel hotelier est particulièrement désagréable: si c'est vrai, nous en avons eu un bel avant-goût! Ils ont malgré tout bien voulu nous enregistrer, mais le lendemain seulement...

Après ça, on est partis manger du plov dans une gargotte du coin puis on est retournés à la gare. Arrivés aux guichets, notre madame super fine allait prendre sa pause diner mais on s'est précipités et elle a bien voulu prendre un deux minutes pour nous aider!! Finalement, on a pu booker nos 3 billets de train!! Assez contents, on s'est dit que ce serait le temps de commencer à visiter la ville. Shymkent est une ville très jolie et relaxe, avec de beaux et grands parcs de même que de grands arbres feuillus, ce qui donne aux avenues une très belle allure. Les gens (sauf le personnel d'hôtel) y sont comme partout en Asie centrale d'une gentillesse ahurissante mais... reste qu'il n'y a pas grand grand chose à faire dans la ville même! C'est plutôt un arrêt obligé (bien qu'agréable) pour qui visite le sud du Kazakhstan! On a donc marché un peu le long de la plus grande rue et on est tombés sur la South Kazakhstan State University. Puisqu'on nous avait demandé d'y jeter un oeil, on est allés faire un tour en touristes. La place était pleine à craquer d'étudiants venus s'inscrire, alors disons que c'était très animé! Après, on a flâné lentement vers le parc central de la ville ou on est restés assis sur un banc près d'une fontaine en forme de pissenlit à parler et à observer les gens pendant un bon moment. Pendant qu'on était là, on s'est fait donner du jus dans ce qui nous semble être une opération promotionelle puis deux madames avec un bébé sont venus nous jaser un bon moment, nous demandant ce qu'on faisait comme voyage, si on aimait le Kazakhstan, etc., etc.!! Puis, on s'est mis à la recherche d'un resto pour souper. Encore une fois, on ne trouvait que l'habituel plov-laghman-shaslick (mais comment font-ils pour ne manger que ça???), au grand désespoir de Mémé, jusqu'à ce qu'on trouve une cafétéria pas trop mal. On est ensuite revenus faire du lavage à l'hotel. Bref, une journée pas vraiment enlevante, mais disons qu'avec toute la paperasserie, c'était prévisible!

Le lendemain, Mémé a été déjeuner au resto de l'hotel parce que, grosse niaiserie, comme on payait pour une chambre, ben c'était un déjeuner qui était compris, même si on était deux! Ensuite a commencé la pénible tentative de voir comment on allait être enregistrés avec l'OVIR. Le staff, aussi agréable qu'une gastro, nous a d'abord fait comprendre (les deux femmes de la réception ne parlaient pas un mot d'anglais) que ce service-là nous coûterait un peu moins de 10$ par personne (alors que c'était gratuit selon ce qu'on avait lu sur internet) et ensuite qu'on ne pourrait ravoir nos passeports qu'à 14h (il était 9h): on pourrait joyeusement perdre notre temps à les attendre sagement à l'hôtel. Comme on voulait faire quelque chose de notre journée, on leur a dit qu'on irait ailleurs puis qu'on reviendrait à 14h prendre nos passeports à la réception. Les 2 se sont alors mises à nous engueuler en russe, on ne comprenait plus rien jusqu'à ce qu'une bonne âme dans le lobby appelle une amie qui parlait anglais qui a finalement pu nous expliquer qu'on n'avait pas le droit de ne pas avoir nos passeports sur nous et que la police pouvait nous arrêter autrement! Ben là! Ça aurait été si difficile que ça de dire et mimer "niet passeport problem politisia"??? On s'est donc résolus à attendre dans notre chambre que nos papiers reviennent, ce qui n'a pris que 2 h finalement (au moins!).

Une fois notre situation régularisée au Kaz, on a pris un minibus vers la gare de bus.  Naturellement, il était bondé: avez-vous déjà essayé de vous tenir debout dans l'arrière d'une camionnette? Disons que ça fait mal au dos! On a raté notre arrêt et, comme toujours, tout le monde était beaucoup trop gentil et essayait de nous aider: le chauffeur a fini par arrêter un autre minibus qui allait dans la bonne direction et on est embarqués dedans! Une fois rendus à la gare, drame: Mémé avait oublié ses lunettes de soleil dans le premier minibus! Avec quelques babounes, on a pris un autre autobus vers notre destination, le petit village de Sayram, ou il y avait apparemment de petits monuments à visiter. Le village était poussiéreux mais très animé, avec un cachet de campagne qui nous l'a tout de suite rendus assez sympathique à nos yeux. Comme on mourrait de faim, on a commencé par dénicher un petit resto situé dans un sous-sol et ou les télés diffusaient en continu des images de La Mecque (je ne savais pas qu'il existait un genre de CNN mais exclusivement dédié à La Mecque!) Les plats qu'on a mangés sont parmi les meilleurs qu'on a eus (surtout pour le prix!) au Kazakhstan! Au bout d'un moment, la serveuse est venu nous amener deux gros verres de kampot, l'excellent jus de cerise kazakh. Comme on n'avait rien commandé, on était un peu surpris mais la serveuse nous a fait comprendre que c'était le gars et ses amis à une autre table qui nous l'offrait! Comme on le remerciait, le gars est venus nous parler. Enfin, parler: il ne parlait que russe et kazakh, mais on pouvait quand même se débrouiller pour des choses basiques du genre "ou travaillez-vous", "vives-vous à Sayram", enfin vous voyez le genre! En tout cas il était bien fin, on lui a aussi donné notre adresse courriel et on est ensuite partis explorer le village. On cherchait un minaret mais on est plutôt tombés sur quelques mausolées. Il faut le dire, ils étaient moins impressionnants, plus petits et moins colorés qu'en Ouzbékistan, mais c'est compréhensible quand on sait que seul l'extrême-sud-ouest du Kazakhstan était sédentaire autrefois (le reste étant habité par des nomades, il ne reste aucun monument ou presque). Au moment de visiter le 2e mausolée, un monsieur (très petit) qui passait en Mercedes nous a arrêtés et a tenté de nous expliquer qu'il voulait être notre guide pour nous faire visiter les environs. Il était bien gentil mais comme on n'a jamais réussi à comprendre si c'était gracieusement ou non, on a refusé poliment... On a ensuite marché assez longtemps en direction d'un hypothétique 3e mausolée qu'on a finalement jamais trouvé (le Lonely Planet, qui avait décidément quelques ratés ces jours-là, ne donnait pas de carte du village) et on est revenus vers le centre en passant sous une grande arche. On a fait un peu de magasinage dans le bazar local (Mémé a fait bien glousser les vendeuses en essayant des robes) puis on a acheté une crême glacée et des genres de petits gâteaux secs qu'on a mangé en cherchant le fameux minaret. Après plusieurs tentatives infructueuses, on l'a finalement déniché... Disons qu'à 15 mètres de haut, c'est pas le plus gros! Mais on était (ok ok j'étais) vraiment content d'avoir pu admirer la vue du haut de cet imposant édifice!

Après ça, on est rentrés à Shymkent sans problèmes, on est allés au bazar acheter à manger pour notre épopée en train vers Aralsk (on partait le soir même, à 1h du matin), on est allés chercher nos trucs à l'hôtel puis on a trouvé un super resto ou les serveurs étaient encore une fois tout contents de nous avoir et de parler avec nous en anglais! Après un repas une coche au-dessus de l'ordinaire habituel (c'était décidément une bonne journée), on a filé au café internet écrire le blog en attendant notre train. Une heure avant le départ de notre train, on a pris un taxi pour se rendre à la gare (enfin, comme on fait ici, on a fait signe à n'importe quelle voiture de s'arrêter). Le gars qui nous a pris, un policier qui revenait de la job, a accepté tout de suite notre prix et était vraiment sympa! Comme la rue menant à la gare était bloquée, il a fait un super long détour, au point ou on commencait à s'inquiéter un peu et à douter qu'on se rendrait bien un jour à la gare. Finalement, nos soupçons étaient totalement non-fondés puisque non seulement on s'est bien rendus mais, en plus, au moment de payer, le gars nous a dit théâtralement: "No no I can not accept, you are guest in my country, keep your money!" Malgré nos protestations, il ne voulait rien savoir... On vous déjà dit à quel point les gens en Asie centrale sont extraordinaires?

Après un peu d'attente, on a pris notre train pour Aralsk (18h de trajet), une ville éloignée dans l'ouest du Kazakhstan située au bord de ce qui fut autrefois la mer d'Aral. Surprise: on avait notre compartiment pour nous tout seuls!! On a bien dormis puis, le lendemain, on a été périodiquement dérangés par des madames qui voulaient nous vendre des cossins. Il y en a une qui était particulièrement collante: elle vendait des poissons fumés et elle est passé au moins 5 fois, en restant un bon 5 minutes à chaque fois même si on lui faisait comprendre très clairement qu'on ne lui achèterait pas ses poissons! À un moment donné, elle a juste laissé son tas de poissons sur le lite de Mémé puis elle est partie! On est restés un peu bêtes et alors que j'essayais de lui courrir après pour lui remettre ses fichus poissons, elle est revenue avec encore plus de bébelles à vendre! Elle a finalement arrêté de vouloir nous vendre des affaires quand Mémé s'est mise à lui parler uniquement en français! Comme elle ne comprenait rien, elle est vite partie!

On a aussi vécu un épisode un peu plus troublant qui en dit peut-être long sur la surveillance interne au Kazakhstan... Après un certain temps, deux gars en civil sont entrés dans notre compartiment et nous ont tendu des cartes d'identité sur lesquelles on voyait très bien qu'ils étaient de la police. Ils ont demandé nos passeports et nos déclarations de douane. Un peu méfiants, on leur a d'abord tendu les photocopies mais ils insistaient pour voir les originaux. Ils ont regardé nos documents un certain temps, nous les ont redonné puis sont repartis sans un mot. Police secrète ou simplement des policiers en civil? On n'a jamais trop su. Ce qu'on sait c'est que l'ouest du Kazakhstan est une zone un peu plus sensible depuis les émeutes de décembre 2011 qui y ont fait quelques morts et pour lesquelles le gouvernement a été très critiqué, chose rare ici. En tout cas...

Le reste du trajet à travers la steppe semi-désertique a été sans histoire. On a croisé en chemin la base de lancement spatial de Baikonour mais il n'y avait pas de décollage ce jour-là (apparemment que visiter ça est possible mais très complexe et coûteux: dommage, ça aurait été plaisant!). Finalement, on est arrivés à Aralsk.


MP: Comme le train est arrivé à Aralsk avec un peu de retard, on s'est dépêchés pour aller à l'agence d'écotourisme le plus vite possible, sinon il aurait fallu dormir au miteux hôtel Aral! Le centre-ville d'Aralsk est minuscule, mais on a quand même pris quelques minutes pour trouver la place, aidés par un monsieur un peu bizarre qui avait très envie de parler à François. On a finalement appris qu'il était le frère d'une des employées de la compagnie et qu'il était saoul (il n'était même pas 18h)... Le gars de la compagnie nous a expliqué le plan, on a discuté des coûts, etc., puis la dame chez qui on allait dormir à Aralsk est venue nous chercher pour nous mener chez elle. Aralsk est une ville assez pauvre, anciennement 2x plus grosse dans le temps ou la mer s'y rendait et que l'industrie de la pêche était forte. Maintenant, ça a l'air un peu abandonné, les rues en terre, les maisons entourées de clôtures en tôle... On est partis à la recherche d'un petit café avec l'espoir de trouver quelque chose de réconfortant pour Franco qui avait mal au ventre. Malheureusement, ce ne fut pas le cas, c'était même pire que tout! La fille nous a présenté les plats qu'elle avait, mais finalement elle n'a rien compris de ce qu'on voulait et on s'est ramassés avec 2 plats de ce que François avait commandé, et c'était loin loin d'être appétissant: un gros tas de céréales brunes, un oeuf miroir à peine cuit (ce qu'on n'aime pas) et une saucisse hot-dog toute molle... En fait, c'est le pire restaurant qu'on ait fait depuis le début du voyage, c'était horriblement mauvais. En plus, le thé était tiédasse et c'était quand même cher au final. Au moins, ils avaient les Olympiques à la télé, donc ça nous a fait passer le temps, parce que le temps passe lentement à Aralsk! On est ensuite revenus à notre homestay ou notre madame avait invité une voisine avec laquelle elle mangeait en buvant de la vodka. François a eu droit à quelques déclarations d'amour et à deux shots de vodka puis on est allés de coucher.

On a déjeuné avec notre madame du homestay, une espèce de bouillie blanche à la levure et des oeufs miroir, un déjeuner asie-centralien normal quoi. Notre chauffeur est venu nous chercher dans sa vieille jeep beige en tôle et ce fut le début d'un long deux heures de nids de poule dans le désert! Dès qu'on a quitté la ville, on est descendus dans ce qui a déjà été le lit de la mer d'Aral. C'était assez dur de croire que les steppes qu'on voyait à perte de vue avaient déjà été recouvertes d'eau. De temps à autre, on voyait les contours de ce qu'il reste de la mer, mais on croisait surtout beaucoup de chameaux! Il y en avait partout, je n'aurais pas cru qu'on allait en voir autant. On est arrivés à Jalanash, un petit village ou il y a non loin un cimetière de bateaux. Il y en a déjà eu 7, mais les gens ont commencé à récupérer le métal des bateaux donc maintenant il n'en reste que trois. C'est quand même fou de penser que ces bateaux-là n'ont pas été déposés là par exprès, mais qu'il y avait bel et bien de l'eau ici avant. On se rend compte aussi à quel point il devait y avoir de l'eau: on voit au loin des falaises de peut-être 200 m de haut, qui devaient jadis être recouvertes ou du moins être atteintes par l'eau! Alors qu'on prenait des photos de chameaux qui se reposaient sous un gros bateau (il y en a encore un qui m'a craché dessus quand j'ai voulu approcher, ça a pas l'air très sympa comme animal), on s'est rendus compte que notre batterie d'appareil photo était vide! On a continué notre route en passant de temps à autres dans des villages, ou le chauffeur arrêtait pour jaser avec de vieux amis. On est finalement arrivés au village ou on allait passer la nuit. Le chauffeur est descendu parler avec le monsieur de la maison, puis on est partis vers la mer à quelques kilomètres. Rendu là, le chauffeur a essayé de nous faire comprendre qu'on ne pourrait pas dormir au village. Avec l'aide très rudimentaire de notre guide français-russe, on a un peu compris que quelqu'un était mort au village et qu'on allait devoir passer la nuit ici sur la plage, dans des maisons de pêcheurs. J'ai écrit trop vite, "maison" est un beaucoup trop grand mot. C'était un trou dans la terre. Vraiment. Comme une maison de hobbit mais en vraiment crade. De l'extérieur, la seule façon de voir qu'il y a quelque chose là c'est qu'on voit la cheminée du poêle sortir du sol. On entrait sous terre et on tombait dans un espèce de bunker plein de sable, tout sale, plein de pêcheurs sales fumant clope sur clope. À 60$ la nuit, on trouvait ça un peu exagéré de dormir là-dedans. On a donc essayé par tous les moyens de rejoindre quelqu'un qui pourrait nous traduire et nous expliquer. Le gars de l'agence était parti, on n'a jamais compris s'il avait un cellulaire ou non, on a aussi essayé d'appeler Talgat mais le cellulaire du chauffeur n'avait pas l'air de marcher. Bref, on a fini par se dire qu'il valait mieux dormir là-dedans et profiter de la mer que de repartir tout de suite vers Aralsk... On est entrés dans le trou et on a regardé les autres jouer aux cartes en se demandant si on allait avoir ou non un dîner. Écourés par la fumée de cigarette, on est partis vers la plage. Autre déception: la "plage" était en fait de la boue et il fallait dépasser 3m d'algues pour se rendre à l'eau...

On est revenus vers le bunker et on a mangé des nouilles sauce à l'huile et au boeuf en conserve. C'était quand même assez bon étonnamment! On a pu avoir une conversation très rudimentaire avec les pêcheurs. On a dit qu'on était mariés et ils ont demandé (comme tout le monde le fait ici) si on avait des enfants. À notre réponse négative, ils ont fait une face à François du genre "Ouin tu fais pas ta job", déclenchant l'hilarité de tous les autres gars de la place. Ils n'avaient pas l'air super enthousiastes qu'on soit chez eux donc on n'a pas beaucoup parlé mais ils ont eu l'air de beaucoup aimer lire notre guide de conversation français-russe. Après le dîner on est allés marcher sur le bord de l'eau. Si on oublie les algues du début, la mer est très belle et les paysages de steppes sont assez sympas. L'eau est vraiment limpide, ce qui est surprenant, on était sûrs que ça allait être pollué à cause de tous les pesticides que les soviétiques ont utilisés dans leurs champs de coton. L'après-midi a donc été très relax, on a marché et on a jasé assis sur une chaloupe au bord de l'eau. Notre chauffeur est venu nous chercher pour le souper, et on a eu droit à une nouvelle portion de nouilles au boeuf en canne. Les pêcheurs, qui étaient partis en ville, sont revenus et sont allés vers la plage. Là on était vraiment énervés parce qu'on se disait qu'ils allaient aller pêcher et on espérait pouvoir y aller avec eux! C'est en effet ce qu'ils comptaient faire vu que la mer s'était calmée, mais malheureusement ils ont découvert que leur barque avait un trou... Ils ont donc passé la soirée à réparer leur bateau. Un peu déçus, on est retournés avec eux au bunker et on les a regardé jouer aux cartes toute la soirée, essayant de comprendre les règles de leur jeu (ce qu'on a jamais réussi à faire). On se serait crus dans un vieux saloon du far west, parce qu'en plus ils n'avaient pas l'électricité donc on s'éclairait avec une lampe à l'huile et une ampoule au plafond connectée à la batterie de leur jeep... On ne pourrait donc pas recharger l'appareil photo! Ce qui était encore moins bien, c'est qu'ils fumaient cigarette sur cigarette, il y avait un nuage dans l'air, c'était irrespirable! Je passais mon temps à sortir pour m'aérer un peu, mais je finissais toujours par rentrer quand une bestiole X grouillait dans les buissons à côté... Finalement, un des gars nous a montré l'endroit ou on allait dormir, un autre bunker sous la terre, mais là ils avaient enterré une ancienne carcasse de camion rouillée pour faire les murs et le toit. C'était sale et un peu glauque, et justement on s'est mis à imaginer tout ce qui pourrait nous arriver ici dans cette carcasse de camion sous terre, dans les steppes profondes alors que personne ne savait qu'on était là. On a aussi paranoïé (ok, surtout moi) quant au fait que peut-être que tout ça était arrangé et bla bla bla. Bref, moi j'étais vraiment stressée et je me voyais déjà fracasser la lampe à l'huile sur la tête du pêcheur qui viendrait nous couper la gorge pendant la nuit. Ils ont fini par rentrer dans notre bunker pour dormir et on a fini par dormir aussi.

Après une nuit plus ou moins bonne, on s'est fait réveiller par un pêcheur criant "chai chai chai" (thé) pour nous faire lever. Quand on est sortis, on a vu un petit hérisson qui s'était pris dans un vieux filet de pêche! C'était probablement ça que j'entendais dans les buissons la veille, et il a dû se débattre longtemps parce qu'il avait l'air tout faible et avait une patte en sang à cause d'une des mailles du filet. C'était vraiment triste donc on a essayé de le sauver, avec une tige en métal, des ciseaux et un canif. On a réussi à couper chaque maille qui était prise dans ses pics, ce qui a été très long, d'autant plus qu'on avait pas envie de se faire piquer non plus! On a fini par le libérer, il ne restait qu'un bout du filet pris trop profondément sur son dos. Il a été capable de se lever et a marché quelques mètres jusqu'à un ce qu'il rentre comme un épais dans un buisson, ou il est resté pris. J'essayais de lui faire peur pour qu'il aille un peu plus loin mais on s'est dit que peut-être qu'il voulait se reposer là. On était vraiment contents et on est allés déjeûner avec notre chauffeur (des biscuits secs et du thé, un déjeuner de champion...). J'étais tellement contente d'avoir sauvé la vie d'un hérisson que j'ai même osé montrer au chauffeur mes médiocres talents en dessin en lui dessinant la scène! L'avant-midi a été consacré à la plage, François le preux chevalier a même essayé de me faire un chemin entre les algues mais c'était peine perdue tellement il y en avait. On s'est baignés un peu, l'eau était bonne. En fait, on ne peut pas beaucoup se baigner car le fond de la mer est vraaaaaaiment plat (d'ou le paysage de steppes partout), même après 30 m on a juste de l'eau aux fesses! Dans l'eau, il y a les mêmes buissons qu'on retrouve en-dehors de l'eau, ce qui pourrait laisser croire que la mer reprend tranquillement sa place. Il paraît même que d'ici 2030, l'eau devrait se rendre à Aralsk (à 60 km!)!!

On a rejasé sur la chaloupe, puis le chauffeur nous a fait comprendre qu'il aimerait qu'on parte bientôt. On est repassés voir notre ami le hérisson qu'on avait appelé Riba (poisson en russe). Il était dans son buisson encore, mais malheureusement il était mort... Probablement qu'il s'était trop épuisé pendant la nuit... Au moins, il avait un air beaucoup plus reposé que quelques heures plus tôt donc on s'est dit qu'au moins il était mort plus heureux! On a dit merci aux pêcheurs et on est partis pour deux heures de souffrance dans le jeep.

De retour à Aralsk, on avait comme vague plan de se promener sur le rivage et d'aller voir un mémorial aux anciens pêcheurs. Chose la plus étonnante qui soit dans cette bourgade perdue de 30 000 habitants: croiser d'autres touristes! C'était 3 hongrois qui voyageaient 10 jours au Kazakhstan. Ils nous ont dit qu'ils voulaient aller à la piscine, et on les a suivi. C'était un concept assez étrange: dans une espèce de grosse tente en plastique ou les anneaux olympiques sont dessinés en gros, il y a une petite piscine gonflable, des exerciseurs et un table de ping-pong... On a jasé avec les Hongrois dans la piscine à l'eau semi-transparente. On a aussi pu prendre une douche, chose quand même rare dans ce voyage! Après, le plan était d'aller voir une ancienne usine de mise en conserve de poisson. Le seul moyen qu'on a trouvé pour y arriver était de sauter par-dessus les clotures en béton. J'étais semi-sûre que c'était une bonne idée de risquer la questionnette par des policiers kazakhs, mais rendus de l'autre côté, on s'est aperçus qu'il y avait plein d'autres moyens d'accéder légalement au site. On a marché sur les rives, côtoyant les immenses grues pour décharger les bateaux. On a marché plus loin jusqu'à des carcasses de bateaux, la vue de la ville était assez glauque, genre ancienne ville industrielle à l'abandon. En revenant vers la ville, on a croisé deux autres touristes britanniques! C'est quand même assez incroyable! On est tous allés dans un resto pour souper ensemble. Comme j'étais celle qui parlait le plus de russe (c'est dire...) je suis allée voir ce qu'ils avaient au menu. J'ai eu la chance de comprendre tout ce que la fille disait et de pouvoir expliquer les plats aux autres, alors tout le monde était convaincu que je parlais parfaitement russe! On a passé un super beau souper puis on a marché avec les Hongrois vers la gare de train. Le nôtre était 20 minutes plus tard, les pauvres allaient attendre le leur jusqu'à 3h du matin! On s'est fait inviter à Budapest avant de sauter dans notre train pour rencontrer nos deux peu-charmants compagnons de cabine. Le voyage vers Turkestan s'est bien passé, on a même eu froid pendant la nuit avec le vent du désert, une sensation qu'on avait presque oubliée!

lundi 6 août 2012

Tashkent


Salut, ici Marie-Pascale!

On vous avait donc laissés à notre arrivée du train de Samarcande vers Tashkent. Disons que ça a été très foireux! Vous vous souvenez de Malik, l'employé du musée de Shakhrisabz qui nous avait invités à dormir chez lui? On avait compris qu'on devait l'appeler à notre arrivée à la gare à Tashkent. On est donc partis à la recherche d'un téléphone à la gare. Alors qu'on demandait à des policiers s'il y en avait dans les environs, un Ouzbek nous a passé son téléphone! Malik ne répondait pas au téléphone, alors on se mettait vraiment à penser que ça ne fonctionnerait pas, puis Malik a rappelé sur le téléphone du gars. C'est là qu'on a compris qu'il aurait fallu l'appeler plus tôt dans la journée, qu'il pensait qu'on ne venait plus finalement! Comme il était 23h00, il a proposé qu'on aille chez lui en taxi, mais on avait aucune idée d'ou il habitait alors avec le gars on est partis à la recherche d'un taxi, le gars, Malik et le chauffeur se sont tous arrangés pour qu'on se rende. On est partis en remerciant chaleureusement notre Ouzbek providentiel puis on a roulé dans la nuit jusqu'aux faubourgs de la ville pour une bonne demie-heure. Notre chauffeur était super sympathique mais au bout d'un moment on se demandait si on était à la bonne place quand on s'est arrêtés dans un bazar perdu... Après quelques appels, on a trouvé Malik qui nous attendait sur la route un peu plus loin. On était vraiment contents de le revoir et on s'est excusés de notre mauvaise compréhension! On s'est rendus à son appartement, qui est en fait celui de ses beaux-parents, un bloc soviétique dans un quartier résidentiel très calme et avec beaucoup d'arbres. On a rencontré sa femme (Indira) et son beau-frère (Cevinch?), qui parlent tous deux un très bon français! On a pris un thé et du melon d'eau avec eux, en jasant longuement. On a fait connaissance avec Timur, leur bébé de deux mois (Francois: Mémé et le bébé ont semblé beaucoup s'apprécier, surpassant la gêne habituelle de Mémé face aux bébés). On a passé une très belle soirée, ce sont des gens très cultivés, ouverts et vraiment drôles, et on peut avoir des conversations plus profondes que ce qu'on peut avoir avec Talgat et Assel par exemple, puisqu'ils parlent un meilleur français. On a dormi dans leur salon sur les classiques matelas ouzbeks. En fait, comme dans les yourtes, les Ouzbeks (et les Kazakhs et les Kyrgyzs)  mangent traditionnellement à des tables basses, donc assis par terre sur des matelas minces et très colorés. C<est souvent aussi sur ces matelas qu<on dormait dans les yourtes et chez l<habitant.

Le lendemain, on a dejeune avec Indira et Cevinch pendant que Malik reglait des papiers pour leur nouvel appartement qu<ils venaient juste d<acheter. Ce fut tres interessant, on a parle notamment de la censure des medias en Ouzbekistan, de la propagande etc... On est ensuite partis en ville accompagnes de Cevinch mais la journee s<annoncait penible (et ce fut le cas)! En effet, on avait plein de paperasse a faire: sortir de l<argent et acheter des billets de train... Deux etapes qui semblent assez faciles a faire mais qui prennent un temps inimaginable en Asie centrale!! On a commence par prendre le bus pour se diriger vers un hotel chic de la ville qui a un guichet pour cartes etrangeres (on se rappelle qu<il nous restait environ 2$ en soums sur nous...) Pourquoi faire simple quand on peut faire complique? Le guichet n<avait plus d<argent. Bien sur, c<est tellement frequent. On s<est donc diriges vers le monstrueux hotel Uzbekistan, exposant sans honte son sovietisme sur la place centrale de Tashkent! Heureusement que Cevinch etait la pour nous dealer le taxi au prix ouzbek, sinon ca nous aurait coute cher!On a finalement fini par sortir de l<argent! Apres, il fallait echanger nos $US en soums, alors direction un petit marche connu pour ses changeurs au noir. Juste avec tout ca, il etait rendu 12h30! Etape suivante: billets de train. Arrives a la gare, c<etait la cohue comme toujours, avec des files qui sont en fait des amoncellements de gens, et les eternels depassements de tous ceux qui croient que leur temps est plus important que le tien... Cevinch nous disait qu<on ne pouvait aller qu<a une seule caisse de la gare qui etait faite pour les etrangers (mais la file est bien sur pleine d<Ouzbeks). On a donc attendu un peu, jusqu<a ce que la caisse ferme pour l<heure du diner. On est partis manger dans une petite gargotte a cote de la gare avant de revenir vers ladite caisse. Il a fallu jouer du coude un peu pour prendre notre place, les Ouzbeks ne voulant clairement pas nous laisser passer malgre l<ecriteau disant que cette caisse etait pour les etrangers et qu<ils avaient priorite et pouvaient depasser... Comble de malheur, le train pour Shymkent qu<on souhaitait prendre n<etait pas avant une semaine, et aucun autre train ne pouvait nous emmener au Kazakhstan comme on le voulait. Depites, on est partis de la file pour reflechir a nos affaires, et au meme moment ,une autre dame de la gare est venue nous dire qu<on pouvait aussi prendre un autre train, celui qui va vers Moscou et arreter en chemin. Apres longues questions a la madame, on retourne dans la file, tout a l<air de marcher pour les reservations. Erreur, la fille nous dit qu<on ne peut pas arreter a Chymkent. Etonnes, on demande pourquoi: on finit par comprendre que, he bien on peut oui, mais il faut payer le billet jusqu<a Moscou (350$ chaque)!!. Quelle bonne alternative! Plusieurs personnes de la gare ont fini par nous expliquer que ce serait plus simple de le faire en taxi et apres longues tergiversations de notre part, on a fini par trouver qu<il n<y avait aucune autre bonne option en fait... Avec tout ca, il etait peut-etre rendu 15h30! Hilala, decidement l<Asie centrale n<est pas une destination facile....

Commencait alors notre visite de la ville, raison pour laquelle Cevinch nous accompagnait! On est d<abord passe a un BnB pour reserver une place pour la nuit. He oui, une autre joie de l<Ouzbekistan: son enregistrement obligatoire! Il fallait au moins passer une nuit a l<hotel a Tashkent, meme si nous on aurait bien aime encore dormir chez Malik et Indira! Apres, on a marche jusqu<au Khast Imam, le seul vraiment gros monument de Tashkent situee dans la vieille ville. En fait, c<est un complexe avec une mosquee, des mausolees etc, mais surtout avec le plus vieux coran du monde (de l<an 655) (Francois: c<etait assez impressionnant... et aussi un peu glauque: le cheick a qui il appartenait au 7e siecle a ete assassine alors qu<il lisait son Coran et aujourd<hui la page a laquelle le Coran est ouvert est maculee de sang...). Apres, on s<est diriges vers la ville, ou on a monte sur le toit d<un edifice pour avoir une vue sur la ville. Tashkent n<est pas une laide ville, c<est un heureux melange d<immeubles sovietiques, d<un vieux quartier aux rues croches et etroites (heureusement) preserve on ne sait pourquoi et de parcs\monuments megalomanes eriges par le president, mais ce n<est pas la gagnante niveau charme. Par contre, l<avantage de Tashkent par rapport aux autres grandes villes du coin, c<est sa scene culturelle! On avait donc comme idee de passer nos soirees a aller a l<opera, au cirque ou au theatre. Justement, on etait a cote du cirque donc on est passes voir si on pouvait acheter des billets... mais il etait en renovation. Etape suivante: l<opera, assez tentant avec ses grands classiques russes et ses magnifiques salles, a 2$ le billet! Nos espoirs ont vite ete demolis lorsqu<on a vu que les portes de l<opera etaient barricadees et que l<interieur etait en renovation aussi. Le theatre d<a cote etait "en vacances" lui aussi. Mmmmh... Il faut dire qu<on est dans la basse saison, mais reste qu<on etait tout de meme decus!

Une pluie diluvienne a ensuite commence a s<abattre sur la ville et on a saute dans le bus bonde nous menant chez Malik. Bonde? Le record va au banc de deux places qui accueillait deux madames, deux enfants, un bebe et deux adolescentes...! On a soupe chez Malik (pour lui et sa femme, il etait en fait hors de question qu<on aille souper ailleurs!!!), des pates aux patates tres bonnes, qui nous changeaient de la nourriture habituelle! La soiree a ete encore bien drole comme toujours et on est partis vers notre hotel pour la nuit, se faisant inviter a venir prendre une biere avec des amis et dormir chez eux le lendemain! A l<hotel, on a revu encore une fois le Britannique croise a Bishkek et Samarcande, avec qui on a jase un peu. On a fait un peu de lavage avant de rencontrer deux autres backpackers qui buvaient de la vodka tranquillement dans la cour interieure. Ca a tout de suite clique! Il y avait un Suisse et un Autrichien, qui etaient decidement tres droles! On s<est mis a parler de tout et de rien et on a ritcomme jamais, jusqu<a se faire dire par la proprio de la place qu<il fallait arreter de rire sinon on allait reveiller tous les voisins (qui, pour certains, se levaient a 3h30 pour manger a cause du Ramadan)! L<Autrichien etait vraiment tout un phenomene, a 24 ans il avait visite 58 pays et nous racontait son experience il y a quelques mois dans des destinations tendance comme la Somalie et la Syrie comme si c<etait Paris. Apres une soiree aussi exceptionnelle avec Malik et ces deux-la, on est alles se coucher (assez tard) tout heureux!

Ce moment de bonheur a ete de courte duree et disons qu<on a paye pour le lendemain, se reveillant avec des maux de ventres et des nausees (et on n<avait rien bu la la!). Francois n<a pas vraiment dejeune, et moi ca a commence une demie-heure plus tard. C<etait assez fulgurant et desagreable, assez pour qu<on appelle Malik pour lui dire qu<on allait reserver a nouveau a l<hotel pour y dormir toute la journee. C<est aussi ce qu<on a fait, ca aurait juste ete impossible de faire autre chose cette journee-la tellement on filait mal! Francois a reussi a aller assez bien pour sortir acheter de l<eau au bazar et a aller au cafe internet en soiree, mais moi j<ai dormi de midi a 9h00 le lendemain matin...!

Relais par Francois! Apres notre journee passee a dormir a Tashkent, Meme se sentait un peu mieux et on s<est dit qu<on profiterait de l<amelioration de son etat pour passer au Kazakhstan. La frontiere etant tout pres de Tashkent, on a d<abord pris un autobus vers un bazar situe en peripherie de la ville. Apres quelques achats (on manque de shampooing) et quelques hesitations (le Lonely Planet n<est jamais tres clair quant a savoir ou exactement attendent les bus quand il faut faire un transfert), on a fini par s<entasser dans un minibus Daewoo en direction des lignes. Arrives a destination, il a fallu descendre: on doit passer la frontiere a pied! C<est quand meme completement bizarre qu<il n<existe pas de passage "routier" entre les deux pays les plus riches de la region, c<est dire a quel point le commerce intra-Stans semble peu significatif... Bref, on a marche jusqu<au checkpoint ouzbek en se faisant gosser de maniere assez triste pas une toute jeune mendiante qui nous a pris le bras pendant au moins deux minutes... On ne sait jamais trop comment reagir face aux mendiants: leur donner de l<argent encourage la perpetuation du comportement et cautionne l<equation selon laquelle les touristes sont des machines a sous, mais ne pas leur donner entraine quand meme obligatoirement de la culpabilite puisqu<apres tout, que represente 10 sous pour nous? C<est donc toujours un cas de conscience...

A la barriere, le soldat ouzbek de faction, gros fusil d<assaut sous le bras, a regarde nos passeports d<un air patibulaire puis on s<est diriges vers le poste de controle ouzbek ou un gentil douanier (chose rarissime) nous a aide a remplir les formulaires ecrits en ouzbek et en russe! On a ensuite quitte la zone ouzbeke pour aller se cogner aux douanes kazakhes. Apres a voir refuse poliment l<offre d<un gars bizarre qui n<arretait pas de traverser les douanes kazakhes sans montrer son passeport et qui voulait nous faire passer les douanes (??), on a ete faire "la file" avec tout le monde. C<est la que ca a commence a se gater: comme toujours, c<etait la cohue, il y avait des files mais tout le monde depassait, il faisait tres chaud, les gens se chamaillaient et les douaniers etaient treeeeees leeeeeents!! Pour comble, Meme a commence a vraiment mal filer: maux de ventre, nausees, maux de tete, son teint oscillait entre livide et jaunatre et elle etait litteralement pliee en deux, accotee sur la barriere qui separait les files. J<ai passe les douanes et j<aurais voulu rester pour voir comment Meme allait survivre a tout ca, mais un officier m<a signifie que je devais degager la voie!

Meme: Apres le passage de Francois, deux jeunes Kazakhs qui avaient tout fait depuis le debut pour depasser dans la file ont eu l<amabilite de me laisser finalement passer avant eux. Probablement que je n<aurais pas pu avoir l<air plus louche que ca : la face jaune et les yeux dans la graisse de bine, ayant de la difficulte a me tenir debout tellement ma tete tournait!! Justement, en plus de la lenteur douaniere habituelle, il s<est mis a me poser plein de questions: ce qu<on avait fait, ce qu<on allait faire au Kazakhstan, comment on avait trouve le pays... Je repondais 2-3 mots a la fois, le visage crispe par la douleur emanant de mon bedon. Ca a pris un bon 5 minutes, les 5 minutes les plus eternelles de ma vie. A la fin j<etais rendue pliee en deux, assise en petit bonhomme pour ne pas m<evanouir, quelque chose qu<on evite habituellement de faire dans un passage aux douanes... Il a fini par me demander "problem?" et je lui ai fait comprendre que j<etais malade et il m<a remis mon passeport. Les 3 metres me separant des douanes et de l<endroit ou m<attendait Francois ont ete tres penibles, j<ai failli m<evanouir, je voyais plein de points blancs. Quand Francois m<a vue, il a attrape mon sac et j<ai couru vers les toilettes mais des employes mon bloque l<acces. On a fini par sortir dehors, avec le vent providentiel ca allait mieux! Serieusement, je ne pourrais pas imaginer un passage de douanes plus desagreable et louche, je suis encore etonnee de ne pas avoir passe a la fouille!

Francois: Apres etre sortis du batiment des douanes, on est restes un certain moment a l<ombre par terre question que Meme se remette un peu... tout en repoussant les assauts des gossants chauffeurs de taxi (Taxi? Taxi Shymkent? Where are from? First time Kazakhstan? You wedding? Childrens? ...) Hey Chose tu vois pas que ma blonde est blanche comme un drap et qu<elle va s<evanouir si elle se repose pas, est-ce qu<on pourrait avoir deux minutes pour souffler un peu??? Ahlalalalala! Apres un bon quinze minutes, du repos, de l<eau, des Fruit-to-go et les essentiels Gravol, on est finalement sortis de la zone douaniere pour se refaire achaler par des chauffeurs de taxi. On a change de l<argent puis on a trouve une marchtrutka vers Shymkent. Le reste du trajet a ete sans histoire, mis a part les habituels et omnipresents nids-de-poule dans la route. Les paysages etaient bien jolis: de petites collines couvertes de champs de ble et des villages blottis au creux de petites vallees verdoyantes. On est finalement arrives ensuite a Shymkent, apres un transit de presque 5 heures depuis Tashkent (dont deux aux douanes!!!)

vendredi 3 août 2012

Samarcande!

Zdrastvuyte de Turkestan!

MComme vous savez, on se dirigeait vers le sanctuaire d'Hoja-Ismael, un lieu saint d'Ouzbékistan. C'était super beau, mais complètement neuf, on aurait pu croire que ça datait d'il y a deux ans... Le président a aussi fait demander de rénover en enlevant la peinture rouge originale, pour ne pas que ça devienne un lieu de rencontre communiste! Il y avait un gros tombeau en marbre devant lequel des imams et des ouzbeks priaient. Comme on est des touristes civilisés, on a respecté l'écriteau qui demandait de ne pas sacrifier d'animaux ici! (François: le gars qui vendant les billets à l'entrée a tenu à savoir si Mémé était ma blonde... Quand je lui ai dit que oui, il a fait une face de "bon choix!" en levant son pouce en l'air! J'ai trouvé ça assez drôle!) On est revenus à Samarcande et on avait convenu avec le chauffeur d'aller à la banque (la seule de la ville qui accepte les cartes étrangères!) Quand on est arrivés, il était trop tard pour retirer de l'argent (?) et de toute façon, il ne restait plus d'argent dans le guichet... On a donc essayé d'aller à une autre banque, dont le guichet était aussi fermé! On est donc revenus à nos hôtels respectifs, puis le chauffeur nous a fait comprendre qu'il voulait qu'on lui donne plus d'argent que ce qui était convenu. Hilala... On est allés chercher le gars de leur hôtel pour qu'il traduise et on a compris que le chauffeur voulait qu'on paie plus parce qu'on avait fait deux banques plutôt qu'une et qu'on était 4 dans la voiture plutôt que deux... Bref, on a fini par lui donner 2$ pour la banque, mais pas question de payer plus, le prix est par auto, pas par personne! La situation était quand même délicate puisque c'était le mari de la tante de la mère du gars de l'hôtel, donc il n'osait pas lui dire que ça n'avait pas d'allure, mais ne voulait pas nous dire de payer plus!

Avec nos maigres 17 000 soums dans nos poches (6$), on est partis souper dans un resto pas loin, dans lequel on a fini par revoir les Hollandais! Un professeur du Caire en art islamique est venu nous rejoindre. Il était super intéressant, on a parlé du printemps arabe et de la situation actuelle en Égypte. On a passé le reste de la soiréee à l'ordi de l'hôtel pour satisfaire nos lecteurs! On a aussi rencontré notre premier Canadien du voyage (et le dernier à date...), un canado-pakistanais qui avait voyagé aussi en Iran et dans les zones tribales du Pakistan!

On a oublié de vous conter la première nuit à l'hôtel! Notre chambre avait l'air climatisé et on payait plus cher pour ça. En se couchant, on a remarqué qu'il marchait une fois sur deux, qu'en fait il ne faisait que souffler de l'air de dehors! Le pire c'est qu'à intervalle plus ou moins régulier, il faisait un bruit terrible, comme un moteur qui s'emballe mais vraiment fort! On n'allais jamais réussir à dormir avec ça! (Notez aussi que notre magnifique chambre était dotée de conduites de gaz naturel qui fuyaient, d'ou l'odeur permanente de souffre...) François est descendu voir un employé pour dire que ça n'avait pas d'allure pour l'air climatisé, qu'on ne paierait pas pour ça! Le gars est monté dans la chambre et, selon la loi de Murphy, l'air clim s'est mis à souffler de l'air froid et à être silencieux... On a quand même négocié pour baisser le prix de la chambre si ça recommençait. Le propriétaire était tellement désolé qu'il nous a fait un prix ridiculement bas, n'arrêtant pas de s'excuser. À la fin on se sentait tellement mal même, mais on s'est dit qu'on allait passer la nuit et voir le lendemain. Finalement, mis-à-part quelques bruits de moteur, l'air climatisé a bien marchée! On s'est excusés au propriétaire et on lui a dit qu'on paierait le prix initial, ce dont il était bien content!

La deuxième nuit a été correcte aussi. On s'est levés tard le lendemain, donc est s'est dépêchés pour se rendre à la banque avant qu'elle ne ferme. On est entrés, un policier nous a demandé nos passeports et nous a dit qu'on ne pouvait pas utiliser le guichet automatique, qu'il fallait aller voir une madame à l'intérieur. On est allés à un premier comptoir, pour se faire dire d'aller à un autre, puis à un autre, puis à un autre... La dernière madame nous a dit d'attendre et est partie on ne sait ou... À son retour, on lui a dit qu'on préférait le guichet automatique mais elle nous a dit qu'il fallait le faire avec elle (et donc payer 3% de frais) Pour minimiser les coûts, on a décidé de sortir juste 100%, ce qui était finalement un peu juste puisqu'on devait se rendre à Tashkent avec ça... La banque était assez spéciale: il y a plein de madames employées qui ne font rien, parlent entre elles ou au cellulaire, lisent des magazines... Notre madame est revenue, a scanné ma carte, a rempli des formulaires avec du papier carbone, m'a fait signer 1000 trucs puis m'a remis un papier en nous pointant le fond de la banque. On s'est rendus dans une autre pièce ou il y avait des gens derrière une vitre. Ils ont finit par ouvrir la vitre et prendre mon papier et me remettre 100$ US... Sérieusement, on se croyait dans la maison des fous des 12 travaux d'Astérix! C'est le système bancaire le plus bureaucratique!

Cette paperasserie administrative ouzbèque complétée, on est partis à la recherche de l'autre plaie d'Ouzbékistan: la nourriture! On a cherché un endroit ou manger quelque chose de potable et d'un peu différent de d'habitude... Apres 30 minutes de recherches, on s'est rabattus sur des espèces de shish kebab dans un pain hot-dog avec beaucoup de ketchup, c'était pas si pire... Après on s'est premenés dans la section russe de Samarcande, qui était assez petite en fait! On s'est promenés dans un parc puis on a lentement rejoint le centre principal d'attraction de Samarcande: le Registan. C'est un complexe de 3 grandes medressas érigées par Tamerlan. On allait entrer quand on s'est fait arrêter par ce qui semblait être le responsable des billets, qui nous a dit qu'il fallait payer 23 000 soums par personne. On a trouvé que c'était un peu cher donc on est juste restés à côté à discuter et il est venu nous voir en disant "ok ok discount, 20 000 for two". On a accepté et on est rentrés, on a visité les trois medressas, qui étaient magnifiques, il y en avait une ornée de deux gros lions en céramique contrevenant grossièrement à la règle d'absence du vivant. Plus loing, on a vu 3 Ouzbeks traverser une clôture pour entrer sans payer. Un peu après on les a croisé et je leur ai dit "Aracho!" ("bien" en russe) en les pointant pour les féliciter du stratagème, mais ils ont pensé que je les trouvais beaux alors ils ont juste rougi et dit merci. Ça a créé un espèce de malaise et j'étais assez gênée de les revoir après... On est revenus lentement à l'hôtel, s'arrêtant pour prendre une crème glacée, qui était vraiment bonne parce que pas trop molle contrairement à l'habitude.

Avant d'aller souper, on est allés changer notre argent US en soums, et on a réussi à comprendre comment le marché noir marchait! En fait, le matin François était allé avec le gars de l'hôtel dans un genre de petite épicerie ou ils vendaient beaucoup de pains, pour lesquels les gens payaient en soms. Donc les marchands finissaient par se ramasser avec tout un tas de soms, et comme ils préféraient les avoir en dollars, ils les échangent à d'autres gens qui veulent des soms. Après, on s'est dirigés vers un café internet après avoir avoir en vain cherché un taxi pour aller souper dans la partie russe (ils demandaient 2x le prix ouzbek). On a décidé d'aller écrire le blog dans un vrai café internet plein de gamers, avant d'aller manger une super bonne pizza dans un café à côté. On est revenus à l'hôtel en suivant une gang de gars bruyants et visiblement saouls, et plus tristement, en se faisant longuement aborder par un enfant qui mendiait dans la rue. Justement, on s'est rendus compte qu'on n'avait pas vu de mendiants, ce qui est quand même assez étonnant, donc on s'est dit qu'ils devaient être chassés...

Le lendemain, on est partis visiter la vieille ville. On a d'abord longé une rue piétonnière qui était autrefois l'axe principal de la vieille-ville, mais qui est aujourd'hui complètement déshumanisée par ses commerces neufs. En fait, la vieille-ville se cache derriere, cachée par de grands murs! On a commencé par visiter ce qui fut un jour la plus grande mosquée du monde islamique. Son dome à l'entrée était immense! On y a rencontré des Belges qu'on avait rencontrés à Tashkent. Ils nous ont raconté leur périple à la mer d'Aral du côté ouzbek. Justement, on était en train de songer à aller y faire un tour du côté kazakh vu qu'il nous restait du temps. Ils nous ont vraiment donné le goût d'y aller, même si c'est un spectacle assez désolant... Après la mosquée, on est allés voir la tombe souterraine de la mère de Tamerlan située en face. Dans tous ces mausolées, on y voit des gens qui prient, ce qui crée une ambiance de recueillement un peu partout. Après, on a traversé un boulevard stalinien pour atteindre une suberbe mosquée en bois, située sur une colline. En face, il y avait un cimetière, et comme vous savez j'aime les cimetières pour une raison obscure. Il était à flanc de montagne, dans un espèce de désert. Les cimetières musulmans sont agréables à visiter parce que les pierres tombales ont une photo du défunt, on peut voir de quoi les gens avaient l'air. Les petites allées en terre sont graduellement devenues des véritables avenues droites et dallées, avec des occupants qui avaient l'air de plus en plus riche. Finalement, on est arrivés dans la nécropole de Samarcande, le Shah-I-Zinda, rempli de mausolées et de tombeaux richement décorés. Un des cousins du prophète Mahomet y serait enterré, ce qui en fait un lieu prisé de pélerinage. La céramique était vraiment magnifique. Après avoir bien visité, on a croisé un Britannique qu'on avait croisé à Bishkek et on a parlé un bout avec lui.

Tout proche, il y avait un grand bazar, supposément connu pour ses places à plov. Places à plov super dures à trouver. On a fini par les dénicher en demandant à environ cinq personnes. Le propriétaire de la place, un fumant personnage, nous a fait comprendre de manière très imagée qu'on avait bien fait de venir chez lui et non chez son voisin, car sinon on aurait eu la chiasse... Il a aussi nous faire comprendre qu'il n'était pas marié et j'ai eu droit à baise-main! Après avoir salué le comique personnage, on a marché vers la tombe de Daniel de l'ancien testament. C'était assez loin et le prix était un peu indécent. D'autant plus que comme vous savez on a mal calculé notre retrait d'argent et il nous restait un nombre assez ridicule de soms... On a donc juste profité du paysage, à côté d'une rivière. De l'autre côté, des camions détruisaient ce qui avait déjà été des vieilles maisons, ce n'était sûrement pas assez chic pour le Président... On est allés vers le dernier monument, l'astrolab d'Ulugbek (petit-fils astronome de Tamerlan). On s'est fait prendre en photo avec des Ouzbeks (ça faisait longtemps que c'était arrivé ça!) On y a aussi rencontré 3 madames françaises qui elles aussi avaient conclu que le prix était trop élevé. On est revenus en bus vers le bazar, on a fait quelques achats en prévision de notre voyage en train vers Tashkent (la traditionnelle soupe en sachet!). On a marché dans les rues "honteuses" de la vieille-ville, visitant au passage deux jolies mosquées en bois, c'était bien agréable! On y a re-rencontré les Belges du matin, s'étonnant ensemble d'à quel point les petites rues sont encombrées et que malgré tout les voitures s'obstinent à vouloir passer entre les tas de terre et les caniveaux.

Après une autre crème glacée, on a repris nos sacs à l'hôtel et on est partis en autobus vers la gare de train. Contrôles habituels des gares de train, avec des policiers qui avaient plus envie de passer leur temps à discuter avec des touristes qu'à vraiment les contrôler. On a attendu le train avec des millions d'Indiens qui allaient eux aussi à Tashkent, puis avec un Français qu'on avait déjà rencontré. Comme souvent, il y a eu des problèmes avec les billets. Nos places étaient déjà occupées alors le contrôleur nous a amené dans une autre cabine. Là, il y avait trois sièges et une dame et sa fille étaient déjà là. La fille était debout, mais on trouvait que ça n'avait pas de sens qu'elle passe le voyage debout et qu'on lui prenne sa place! On a donc essayé de faire comprendre ça au contrôleur, qui a fini par nous mettre dans une autre cabine. Bref, c'était bien compliqué. Malheureusement, un problème n'attend pas l'autre: le volume extrêmement fort des téléromans ouzbeks projetés dans les télés des cabines. Profitant de l'absence de nos compagnons, on a réussi à baisser le volume, à partir de là le voyage a été beaucoup plus agréable. On a parlé un peu à nos compagnons de cabine, dont un vieux monsieur qui nous a donné un gros sac de tomates(?)!!

La suite, Tashkent, plus tard!

À bientôt!

lundi 30 juillet 2012

Bukhara, Samarcande et Shakhrisabz


Hellloooo!!!

Ici Francois! On vous livre la suite de Bukhara!

Donc apres notre premiere journee en ville, on a passe la seconde a visiter ce qu<on n<avait pas pu voir lors de la premiere! (N.B.: on a oublie de vous dire que, la veille, on avait aussi visite une synagogue... aussi bizarre que ca peut paraitre, il y avait historiquement une tres grande population juive a Bukhara jusqu<a la chute de l<URSS mais il n<en reste que 300 aujourd<hui. Au bas Moyen-Age, Juifs et musulmans partageaient meme les memes lieux de culte, faute d<espace! Le gardien de la synagogue, un vieux monsieur enthousiaste qui portait des verres de fond de bouteille, nous a fait visiter l<endroit au complet en nous jasant en ouzbek: c<etait bien interessant, du moins ce qu<on a compris!) On a donc commence notre journee assez tard (en fait la chaleur nous rend lents je pense... on s<est leves a 9h et on etait seulement prets a sortir vers 12h!) et rapidement on a eu faim et on est aller manger les meilleurs plov et laghmans qu<on ait mange a date dans un petit resto qui ne payait pas de mine (a rajouter a votre carnet d<adresses en Ouzbekistan!) Ensuite, on a visite une medressa puis les bazars couverts de la ville, qui a l<origine etaient consacres a un type de marchandise chacun (chapeaux, fruits, etc.) mais qui aujourd<hui hebergent surtout des souvenirs pour touristes. On a change de l<argent au marche noir, on a visite quelques boutiques puis on a ete voir la grande mosquee et le grand minaret (epargne par Gengis Khan) qui sont les pieces maitresses de Bukhara. C<etait encore une fois magnifique, mais on commencait vraiment a etre tannes de payer tout le temps pour entrer dans chaque monument! Au moment de sortir, on  a ete abordes par un jeune Ouzbek parlant parfaitement le francais (et son ami qui parlait super bien espagnol) a qui on a parle un bon bout avant de se diriger vers l<ancienne citadelle de Bukhara, l<Ark (oui le nom sonne mal en quebecois). En fait, il ne reste que les murailles en terre du palais parce que ce dernier a ete joyeusement bombarde par les bolcheviques dans les annees 1920... On ne pouvait malheureusement pas visiter parce que c<etait en renovation, alors on a ete chercher de l<ombre dans un parc voisin. On s<est alors encore fait aborder par un Ouzbek en francais, mais cette fois-la c<etait pas juste pour pratiquer: il voulait nous servir de guide (remunere) dans la ville. On a refuse poliment mais on a quand meme jase un bout avec lui parce qu<il etait vraiment sympa (on vous a dit a quel point les gens sont gentils et aimables en Asie centrale?). Il nous a entre autres conte une blague sur la polygamie dans laquelle il disait que, pour etre heureux, l<homme ouzbek devrait avoir 3 femmes: une Ouzbeke pour les enfants, une Francaise pour la beaute et une Juive pour l<argent (!) !!! 

Apres ca, on est alles visiter une autre medressa puis un parc ou se trouvait le plus vieux monument de la ville. En chemin, on est passe devant un autre monument de "la mere qui pleure", cense honorer la memoire des Ouzbeks morts durant la 2e guerre mondiale. Il faut croire que le president de l<Ouzbekistan, Islam Karimov, a vraiment aime le design de la statue parce que chaque grande ville a sa "mere qui pleure"!! Parlant de Karimov, je fais un aparte sur la propagande: en Asie centrale a date, l<Ouzbekistan remporte la palme du nombre de propagande par habitant. Il y en a partout!! Disons qu<on a assez vite su reconnaitre la phrase qui disait que l<independance du pays etait sacree ou quelque chose du genre... Bref, si on se fie a la propagande, l<Ouzbekistan est vraiment un paradis! Apres avoir fait le tour d<un mausolee, on est sortis du parc puis on s<est diriges vers un cimetiere (Meme, qui trippe sur les cimetieres musulmans, devait avoir son fix) mais, clairement, il avait ete  rase pour faire de la place a des magasins flambants neufs! Depites, on est revenus par de petites rues residentielles ou les jolies maisons (et les rues) etaient ensevelies sous des vignes pleines de raisins (pas murs par contre)! En fait, les vignes passent souvent par dessus la rue, sur des genre de toits, c<est assez joli!... On a finalement debouche sur ce qui avait ete la mosquee d<ete personnelle de l<emir de Bukhara, en plein a l<heure de la priere. Inutile de vous dire que l<endroit, tout en bois sculpte, face a un joli bassin et a un jardins et rempli de monde, etait vraiment agreable. Apres, on a visite une autre petite mosquee dans le dedale des rues de terre de la ville, que le gardien de la mosquee a tenu a nous faire visiter lui-meme! Il y avait des gens qui priaient mais le gardien nous a vite fait comprendre que s<il etait la, non seulement Meme pourrait entrer mais elle pourrait le faire sans foulard (malgre nos mimes peut-etre peu convaincants de "foulard")! Les Ouzbeks sont decidement tres ouverts sur la religion! On a apres ete manger des shashliks dans une chaikhana (maison de the) situee dans le parc face a la forteresse, servis par des enfants qui n<auraient definitivement pas l<age legal de travailler chez nous! On a ecoute un moment les videosclips turcs qui passaient a tue-tete dans le resto puis on est revenus vers notre hotel, pres de la place avec le bassin qui etait a nouveau noire de monde! Cette fois, il y avait aussi des jeunes fous qui se jetaient dans le bassin (pas tres creux) a partir des branches des arbres centenaires qui le surplombaient! Ensuite, on a ete au cafe Internet, ou les plombs ont saute au moins 3 fois avant qu<on se decide finalement a partir vers le pompeusement nomme "Amazingly Fast Internet Cafe". La on a recroise le couple de Hollandais qu<on avait vu a Khiva... et aussi le couple de Russes qu<on avait vu a Khiva! Dans la journee, on avait aussi croise, au hasard d<une rue, les Francais qu<on avait rencontre en haut du minaret de Khiva et deux autres qu<ils avaient rencontre a Bukhara, dont un cycliste un peu space qui faisait France-Australie a velo! Apres Internet, on est revenus se coucher.

Le lendemain, on avait decide de sortir de la ville pour visiter d<autres monuments situes a l<exterieur. On est donc partis vers la partie neuve de la ville, pres de l<autoroute appelee mysterieusement "autoroute Karimov", pour prendre un minibus. On est d<abord aller manger dans un cafe en retrait et vraiment pas touristique. Meme, qui voulait des legumes, a fait l<erreur de demander a la serveuse c<etait quoi la meilleure salade. Elle a finalement recu une salade avec des oeufs, creme sure, fromage, boeuf et mayo! Heureusement, la serveuse a aussi amene mon plat (commande au hasard parce que un menu en ouzbek, tse...) en double, ce qui a quand meme permis une ingestion limitee de concombre et de tomates! Nos plats ressemblaient d<ailleurs vaguement a une poutine: morceaux de viande, frites, concombres recouverts d<une sauce brune... Une variante ouzbeke bientot disponible a La Banquise? On a ensuite pris le minibus... pour s<arreter 2 secondes apres le depart du bus parce que la police en avait intime l<ordre au chauffeur! Le chauffeur et le policier se sont ensuite mis a s<engueuler intensement pendant 10 minutes en pleine rue (on a jamais trop compris pourquoi), alors que les passagers attendaient tous dans le minibus. A un moment donne une vieille dame toute menue dans l<autobus a decide de s<en meler et d<aller elle aussi s<obstiner avec le policier! Elle est finalement revenue mais elle continuait a narguer le policier en lui criant des trucs par la fenetre! Ce qu<elle disait devait etre tres drole car tout l<autobus pouffait de rire des qu<elle disait quelque chose! Ca s<est finalement regle d<une quelconque facon et on est finalement repartis. On est arrives finalement au palais d<ete de l<emir. C<etait vraiment joli, avec plein de jardins et de beaux pavillons, mais c<etait peut-etre un peu cher paye.. A l<arriere du palais se trouvait le harem avec piscine et un balcon la surplombant du haut duquel la legende veut que l<emir lancait une pomme a la femme qui le rejoindrait pour la nuit! Apres que Meme se soit amusee avec les paons, on a croise un guide Ouzbek sympa a qui on a jase un bout en anglais puis on est revenus en ville. La on a pris un autre minibus (notre premier Daewoo Damas, un modele emblematique de l<Ouzbekistan!) pour notre autre destination: un mausolee d<un imam vraiment venere dans le monde musulman et l<un des lieux de pelerinage les plus courrus d>Ouzbekistan, appele la deuxieme Mecque. Le complexe en soi etait encore magnifique (comme toujours, photos a l>appui un jour) et comprenait l<habituel trio mausolee-mosquee-medressa, en plus de beaux jardins et d<un superbe cimetiere! Ce qui est le plus beau dans ce type de monument, c<est lorsqu<il y a une cour interieure avec de vieux arbres et un bassin! On est ensuite revenus vers Bukhara, en faisant la journee d<une madame et de sa fille a qui on a jase le peu qu<on pouvait en ouzbek! On est revenus pres de l<Ark et on en a alors profite pour visiter l<ancienne prison de l<emirat. Entre autres joyeusetes, on y trouve notamment un trou a bibittes, ou on enfermait les prisonniers "les moins aimes" en compagnie de scorpions, d<araignees et d<autres trucs du genre... Vraiment plaisant! Apres, le vent s<est leve, le ciel a vire au noir et on a eu une tempete de sable! On etait surs qu<il allait pleuvoir mais, selon le gars de l<hotel, apparemment que c<est bien rare qu<il pleuve en ete ici... Apres avoir ete faire un tour au cafe internet et visite un hammam (bains de vapeur), on a decide d<aller prendre des thes aromatises et des confiseries (on est fancy de meme nous autres) dans une super place ou on a rencontre un Francais et un Marocain a qui on a jase assez longtemps! Le Marocain jeunait et nous disait a quel point les gens ne suivent pas le Ramadan ici! Ah oui, en passant, vous le savez peut-etre, mais c<est le Ramadan ici! Pas trop de differences par contre: a ce qu<on comprend, c<est assez lousse en Ouzbekistan...Apres, on est alles manger du plov dans une petite place pas toursitique (bien tentante, avec sa pub de viking qui boit une biere) ou le proprio etait juste trop content de nous avoir chez lui, puis on est revenus dormir.

Marie-Pascale: Le jour de notre depart vers Samarcande, on s<est leves tres tot (ce qui n<est certainement pas dans nos habitudes de ce voyage-ci...). On a dit merci a la famille du BnB super gentille puis on est partis affronter les taxis en direction de la gare de train, chose qui s<est etonnamment bien passee puisqu<on a fini par avoir le prix ouzbek (donc 2 fois moins cher que le prix touriste)! Le chauffeur etait un papi cute, avec qui on a jase comme on pouvait (donc pas beaucoup). En Ouz, quand ils comprennent qu<on est maries, ils demandent toujours si on a des enfants, en tout cas lui en avait 8... Les gares de train ouzbekes sont presque comme les aeroports cote securite: pour y entrer, on doit montrer son passeport et son billet donc juste ceux qui partent peuvent entrer. Apres on donne notre passeport au policier qui passe les baggages aux rayons X, on passe au detecteur de metal, on redonne son passeport a une madame, qui etampe nos billets, puis on peut se rendre sur le quai ou un autre officier regarde nos passeports et nos billets. Les Ouzbeks se promenent toujours avec leur passeport avec eux, on dirait leur piece d<identite principale! Ca a l<air bien serieux tout ca mais on a fini par se rendre compte qu<ils ne font que feuilleuter nos passeports juste pour dire... quand c<est trop long trouver notre photo ils font semblant d<avoir vu et nous remettent le passeport. Ou sinon des employes de la gare nous le demandent juste pour le regarder, savoir d<ou on vient et engager la conversation! Donc, le train express "moderne" est arrive et on s<est installes dans nos sieges. Le calme a ete court: des teles au volume coince a "on veut vous rendre sourds" ont commence a nous presenter des teleseries ouzbeques... Disons que c<etait un Watatatow avec des acteurs moins bons, qui crient pour mettre de l<intensite a leur propos, dont l<acteur principal avait un mono-sourcil. Ce fut assez penible, d<autant plus qu<on etait fatigues. A la gare suivante, une madame follement desagreable est embarquee et a fait une scene parce que quelqu<un etait a sa place, forcant ladite femme (enceinte jusqu<aux yeux) a changer de wagon pour la madame qui ne voulait pas bouger, soulevant l<ire des 3 vieilles babouchkas a cote. Juste quand j<avais fini par trouver une position confortable et que je dormais presque, la madame desagreable a aborde Francois pour lui dire qu<elle voulait qu<on ouvre la fenetre derriere elle, ne tenant pas compte des yeux suppliants de Francois qui ne voulait pas avoir a me reveiller... Le mal etant fait, la madame a eu droit a quelques insultes en francais de ma part, puis on a passe le reste du voyage a regarder le paysage!

Arrives a Samarcande vers midi, on est alles acheter nos billets de train pour Tashkent et on s<est diriges vers le centre-ville en autobus. On est partis a la recherche d<un hotel, ce qu<on a trouve, mais qui n<etait pas extra cote proprete... on va dire ca politiquement correct... Par contre, il y avait une grande cour interieure avec des arbres et des grandes tables, ce qui faisaient une super belle ambiance, d<autant plus que c<etait le hub des backpackers de Samarkand! On est partis diner juste a cote des monuments centraux de Samarcande: le Registan. On a donc eu droit a un tout nouveau attrappe-touriste: tu commandes deux plats, mais on t<amene aussi du pain, du yogourt, des salades, du the... question que tu finisses par payer 4 fois plus cher que prevu. Heureusement on a compris bien assez vite! On s<est diriges vers un des gros monuments de la ville: le tombeau de Tamerlan. En fait, Samarcande est la capitale de l<empire de Tamerlan, donc il y est bien a l<honneur: parcs, statues, rue... On est d<abord alles dans un petit mausolee, on met les pieds dedans et cache derriere la porte, il y quelqu<un qui nous propose ses services pour nous expliquer le monument. On refuse poliment: "now you<re in, you have to pay tickets". Pfff, on n<a pas ete "in" longtemps vous pouvez nous croire. Quant a lui, le mausolee de Tamerlan est assez impressionnant: un immense dome, de la ceramique partout et tout et tout! Prix ouzbek pour entrer: 500 soms (20 sous), prix touriste: 6 500 soms + je sais pas combien si tu veux prendre des photos! Bin oui... On a justement vu des Francais qu<on avait croises a Khiva et Bukhara qui etaient assis devant le mausolee parce qu<ils trouvaient ca trop exagere comme prix. On a parle avec eux un peu, puis on s<est dit qu<on allait au moins marcher autour faute d<y entrer. En faisant cela, on est entres dans la vieille ville, qui donnait directement sur l<entree a l<arriere du monument, sans gardien! Hey, ca tombe tu bien! On est donc alles voir l<interieur du mausolee, qui etait vraiment superbe! On a continue a marcher dans la vieille ville, ce qui est notre bout prefere habituellement puisque c<est la que les gens habitent vraiment, les enfants jouent dans les ruelles, ca sent la bonne cuisine maison (mais aussi les poubelles), bref la vraie vie! On est passes devant une mosquee ou on a profite de l<ombre et regarde les anes passer. Ca c<est fou les anes, la premiere fois qu<on en a vu on capotait: c<est comme au moyen-age, beaucoup de gens se deplacent en charettes tirees par un ane! Souvent c<est pour transporter des melons, du foin ou faire les poubelles. 

Apres le plan etait d<atteindre des monuments un peu a l<exterieur de la ville, mais justement ce n<etait plus indique sur notre carte donc on s<est un peu perdus,,, On a fini par atteindre une mosquee isolee au milieu d<un cimetiere, vraiment jolie car devant un bassin avec des arbres immenses! On etait super bien a l<ombre, a ecouter les imams faire leurs prieres dans les pieces d<a cote (ils nous ont d<ailleurs salue chaleureusement)! L<autre monument etait une vieille ruine en fait, dans laquelle les enfants jouaient a se faire peur. On est revenus vers la ville en marshroutka puis on s<est reposes un peu a l>hotel avant d<aller souper tard. Au resto, on a rencontre des Hollandais qu<on avait rencontre a Khiva et Boukhara (c<est fou, on revoit toujours les memes!) qui mangeaient avec un Italien. On s<est joints a eux pour une biere et on a mange un poivron fourre au boeuf et au riz, une premiere ici! Les Hollandais nous ont dit qu<ils avaient reserve un taxi pour visiter Shakhrisabz le lendemain et qu<on pouvait se joindre a eux si on voulait. Comme on voulait le faire un peu plus tard, on a bien sur accepte! 

Tot le lendemain, on est partis rejoindre Marit et Bob les Hollandais a leur hotel a cote puis on est partis vers Shakhrisabz, la ville natale de Tamerlan a 1h30 de Samarcande. Les paysages etaient magnifiques, notamment parce qu<on devait traverser une chaine de montagne pour se rendre a la ville! On a commence par visiter le palai d<ete de Tamerlan, qui tenait encore a peine debout, mais c<etait facile de s<imaginer sa grandiloquence a l<epoque! Apres un bakshish au gardien (qui s<etait precipite sur nous pour nous dire que si on voulait monter, c<etait 3000 soms) on est monte jusqu<en haut pour admirer la vue (et le smog...) de la region. On est ensuite revenus a l<auto. Le chauffeur de taxi prenait vraiment son role a coeur et tenait a nous mener a chaque monument en auto, que le suivant soit a 10 metres ou 3 km... Le suivant etait un complexe avec une mosquee et des mausolees. Mosquee super belle et speciale parce qu<elle contient des ceramiques avec des arbres: normalement dans l<Islam, il ne faut pas representer le vivant dans les lieux de culte, c<est donc pour ca qu<il n<y a que des inscriptions et des formes geometriques. Les mausolees a cote etaient un peu decevants car en restauration... mais une "mauvaise" restauration. En fait, on a compris qu<ils mettent du platre partout, recouvrent tout et finissent pas peindre dessus a nouveau! Il n<y a donc rien d<original dans les monuments renoves! On ne croyait vraiment pas que ca pouvait etre leur facon de faire, malheureusement on en a eu la confirmation plus tard, vous verrez. On s<est diriges vers le mausolee suivant, qui aurait du etre la tombe de Tamerlan (qui a finalement ete enterre a Samarcande). Encore une fois, on a du payer un prix d<entree. Ok oui c<est pas cher 2$ a chaque fois, mais 2$ fois 40 monuments ca finit serieusement par faire beaucoup et a taper sur les nerfs!! Samarcande a en effet ete le moment ou on n<etait plus capables de payer sans arret pour tout! Grrr...

Les Hollandais voulaient aller voir le musee de la ville, donc on s<y est rendus. On a ete accueillis par un Ouzbek (Malik) qui parlait parfaitement francais, qui avait (surprise) idee d<immigrer au Quebec! Il etait super content de nous rencontrer et nous a raconte un peu son histoire. Il a etudie en France pendant 5 ans a Sciences Po Bordeaux puis a recu son certificat pour immigrer au Quebec, mais il s<est marie et a eu un bebe recemment, donc tout ca ralentit le processus! Il travaille presentement pour une compagnie francaise qui s<occupe de la restauration "ethique" du palais d<ete de Tamerlan a Samarcande, compagnie qui loue des locaux au musee. Il a tenu a faire le guide pour le musee, donc il nous traduisait en francais les explications de la guide ouzbeque, Marit (parlant francais) traduisant les informations a son copain en hollandais! C<etait vraiment interessant, heureusement car regarder des poteries et des cartes sans explications aurait ete un peu long... Apres, on a parle longtemps avec la Francaise responsable des renovations du palais. Elle nous a explique ce qu<ils faisaient, comment ils s<y prenaient etc. En fait, ils ont creuse pour recuperer les vieilles ceramiques d<epoque, doivent les nettoyer, les recoller etc, le tout sans les repeindre ou les modifier. C<est vraiment un travail de moine car il ne reste souvent que des eclats! Ils sont en train de reconstruire deux bassins qu<ils y avait a l<entree du palais (2 ans pour faire un bassin!), le tout selon les ecrits d<un diplomate espagnol qui a visite la place au 14e siecle... Tout un travail!! C<etait vraiment interessant, et le sujet a devie sur les renovations "facon ouzbeque" donc comme j<ai explique, quand on repeint en blanc et qu<on recommence a zero. Elle etait tres critique, disait que les monuments qu<on voit aujourd<hui ne ressemblent probablement aucunement a ce dont ils avaient l<air a l<epoque, que tout est repense pour que ca fasse beau maintenant, que si un officiel venait a passer dans la ville, il trouverait ca beau et grandiose. Elle nous a dit aussi que pour la meme raison, le gouvernement commence a detruire les sections plus vieilles des villes, les rues toutes croches et les maisons en terre ca fait pas assez beau pour le gouvernement... Que deja en deux ans, elle ne reconnaissait plus Samarcande, qu<ils construisent des murs ici et la pour cacher ces quartiers, que les nouvelles villas de riches poussent ici et la. La conversation fut tres enrichissante, mais en meme temps vraiment deprimante... Je dirais que depuis cette conversation, on ne regarde plus les monuments de la meme facon, on est desilusionnes meme... On trouve toujours ca aussi beau, mais on regarde ca en se disant que c<est l<equivalent de quelque chose qui aurait ete construit il y a 5 ans, a la difference que les fondations sur lesquelles ca repose datent du 15e siecle! Avec elle, on a parle du gouvernement aussi, de la dictature et des impacts que ca a. Elle disait qu<il y avait encore l<equivalent du KGB dans chaque ville, et qu<il se puisse bien qu<on se soit fait suivre sans savoir. Elle connaissait une famille ouzbeque dont le fils avait quitte le pays parce qu<il etait recherche puisqu<il avait publie de (vraies) informations negatives sur le gouvernement. Elle avait loge chez eux une semaine, et tout le long, ils avaient ete sur ecoute, l<internet avait ete coupe, ils avaient des appels douteux etc... Et je ne sais pas si on vous l<avait dit, mais meme en temps que touriste, le gouvernement aime bien nous avoir a l<oeil! Il faut absolument se faire enregistrer aux 3 jours. Pour se faire, il faut dormir dans les hotels, a la sortie du pays ils regardent tous nos petits papiers d<enregistrement pour voir si on est en regle.  On a aussi entendu dire que des hotels refusaient de prendre des touristes chez eux s<ils n<avaient pas ete enregistres la veille! Ca revient presque a dire qu<il faut dormir a l<hotel tous les soirs! Ils peuvent donc nous suivre a la trace... et empecher qu<on aille trop dormir chez des Ouzbeks! Bref: le gouvernement aime bien controler tous ceux qui sont sur son territoire!!

Notre visite au musee a finalement dure quelques heures, on a vraiment apprecie! Et en bonus, on s<est fait inviter a dormir chez Malik a Tashkent!! Il etait tellement gentil et drole qu<on serait niaiseux de refuser ca! Apres, on est alles manger dans un petit resto puis on est repartis vers Samarcande, avant d<aller vers Hoja Ismael, le mausolee d<un tres grand imam, un peu au nord de Samarcande!

Assez pour aujourd<hui!

On part en train vers Aralsk ce soir, ca va peut-etre prendre quelques jours avant d<avoir de nos nouvelles!